Les textes des chansons de Claude (25cm réf 76559)

Le Cinéma (Claude Nougaro)
Sur l’écran noir de tes nuits blanches
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra
Bardot peut partir en vacances
Ma vedette c’est toujours toi
Pour te dire que je t’aime rien à faire je flanche
J’ai du coeur mais pas d’estomac
C’est pourquoi je prend ma revanche
Sur l’écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
D’abord un gros plan sur tes hanches
Puis un travelling panorama
Sur ta poitrine grand format
Voilà comment mon film commence
Souriant je m’avance vers toi
1 M 80 , des biceps plein les manches
Je crève l’écran de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
Te voilà déjà dans mes bras
Le lit arrive en avalanche
Sur l’écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
1 fois , 2 fois , 10 fois , 20 fois
Je recommence la séquence
Où tu me tombes dans les bras
Je tourne tous les soirs y compris le dimanche
Parfois on sonne j’ouvre c’est toi
Vais-je te prendre par les hanches
Comme sur l’écran de mes nuits blanches
Non je te dis comment ça va
Et je t’emmène au cinéma

Les Don Juan (Claude Nougaro)


 

Ce qu'il faut dire de fadaises Pour voir enfin du fond de son lit Un soutien-gorge sur une chaise Une paire de bas sur un tapis Nous les coureurs impénitents Nous les donjujus, nous les don Juan. Mais chaque fois que l'on renifle La piste fraîche du jupon Pour un baiser, pour une gifle Sans hésiter nous repartons La main frôleuse et l'oeil luisant Nous les donjujus, nous les don Juan. Le seul problème qu'on se pose C'est de séparer en deux portions Cinquante-cinq kilos de chair rose De cinquante-cinq grammes de nylon C'est pas toujours un jeu d'enfant Pour un donjuju, pour un don Juan. Le mannequin, la manucure La dactylo, l'hôtesse de l'air Tout est bon pour notre pâture Que le fruit soit mûr ou qu'il soit vert Faut qu'on y croque à belles dents Nous les donjujus, nous les don Juan. Mais il arrive que le coeur s'accroche Aux épines d'une jolie fleur Ou qu'elle nous mette dans sa poche Sous son mouchoir trempé de pleurs C'est le danger le plus fréquent Pour un donjuju, pour un don Juan. Nous les coureurs du tour de taille Nous les gros croqueurs de souris Il faut alors livrer bataille Ou bien marcher vers la mairie Au bras d'une belle-maman Pauvres donjujus, pauvres don Juan Nous tamiserons les lumières Même quand la mort viendra sonner Et nous dirons notre prière Sour un chapelet de grains de beauté Et attendant le jugement Nous les donjujus, nous les don Juan.

 

Une petite fille (Claude Nougaro)

 

Une petite fille en pleurs Dans une ville en pluie Et moi qui cours après Et moi qui cours après Au milieu de la nuit Mais qu'est-ce que je lui ai fait Une petite idiote Qui me joue la grande scène De la femme délaissée Et qui veut me faire croire Qu'elle vas se noyer C'est d'quel côté la Seine ? Mais qu'est-ce que je lui ai fait ? Qu'est-ce qu'elle me reproche ? Qu'est-ce qui lui a pris ? Lorsque je l'ai trompée Elle l'a jamais appris C'est pas elle qui s'approche ? Tu m'aimes vraiment dis-moi ? Tu m'aimes tu m'aimes tu

m'aimes ? C'est tout ce qu'elle sait dire En bouffant, en m'rasant Quand je voudrais dormir Faut lui dire que je l'aime Une petite fille en pleurs Dans une ville en pluie Où est-elle, nom de Dieu ? Elle a dû remonter Par la rue d'Rivoli J'ai d'la flotte plein les yeux Parce qu'elle avait rêvé Je ne sais quel amour Absolu, éternel Il faudrait ne penser N'exister que pour elle Chaque nuit, chaque jour Voilà ce qu'elle voudrait Seulement y'a la vie Seulement y'a le temps Et le moment fatal Où le vilain mari Tue le prince charmant L'amour, son bel amour Il ne vaut pas bien cher Contre un calendrier Le battement de son coeur La douceur de sa chair Je les ai oubliés Où donc est-elle partie ? Voilà qu'il pleut des cordes Mon Dieu, regardez-moi Me voilà comme un con Place de la Concorde Ça y est : je la vois Attends-moi Attends-moi Je t'aime Je t'aime Je t'aime.

Le jazz et la java (Claude Nougaro)

Quand le jazz est Quand le jazz est là La java s'en La java s'en va Il y a de l'orage dans l'air Il y a de l'eau dans le gaz Entre le jazz et la java Chaque jour un peu plus Y'a le jazz qui s'installe Alors la rage au coeur La java fait la malle Ses p'tit's fesses en bataille Sous sa jupe fendue Elle écrase sa Gauloise Et s'en va dans la rue Quand le jazz est Quand le jazz est là La java s'en La java s'en va Il y a de l'orage dans l'air Il y a de l'eau dans le gaz Entre le jazz et la java Quand j'écoute béat Un solo de batterie V'là la java qui râle Au nom de la patrie Mais quand je crie bravo A l'accordéoniste C'est le jazz qui m'engueule Me traitant de raciste Quand le jazz est Quand le jazz est là La java s'en La java s'en va Il y a de l'orage dans l'air Il y a de l'eau dans le gaz Entre le jazz et la java Pour moi jazz et java C'est du pareil au même J'me saoule à la Bastille Et m'noircis à Harlem Pour moi jazz et java Dans le fond c'est tout comme Le jazz dit « Go men » La java dit « Go hommes » Quand le jazz est Quand le jazz est là La java s'en La java s'en va Il y a de l'orage dans l'air Il y a de l'eau dans le gaz Entre le jazz et la java Jazz et java copains Ça doit pouvoir se faire Pour qu'il en soit ainsi Tiens, je partage en frère Je donne au jazz mes pieds Pour marquer son tempo Et je donne à la java mes mains Pour le bas de son dos Et je donne à la java mes mains Pour le bas de son dos

Où! (Allez-y les bergères) (Claude Nougaro)

Puisqu'aux vers que j'écris Votre coeur est fermé et votre oreille sourde Puisque ma poésie Vous fait bâiller d'ennui, ô ravissantes gourdes Pour être dans le bain J'y mets de la musique de style afro-cubain Allez-y les bergères Dansez avec vos loups Tout au long de mes vers Tchikitikitinkin ouh ! Puisqu'il n'est pas d'espoir Qu'on se rencontre un jour dans le lit de mes livres Et puisque le sang noir Qui sort de mon stylo jamais ne vous enivre D'un cha-cha j'vous régale Pour mettre des fourmis dans vos corps de cigale Allez-y les bergères Dansez avec vos loups Tout au long de mes vers Akoutoukoutoukou ouh ! Je vous invite au bal Faites-vous une beauté, mettez vos ballerines Et puis à mon signal Dansez le cha-cha-cha sur mes pieds, sur mes rimes Pour un coup de vos reins, Je donne sans regret tous mes alexandrins Allez-y les bergères Dansez avec vos loups Tout au long de mes vers Agoudougoudougoun ouh ! Adieu Victor Hugo Ronsard et toi Alfred, adieu cher Baudelaire Je vous quitte le coeur gros Mais dormir avec vous, vraiment j'ai mieux à faire Derrière votre dos, Les muses dansent le cha-cha avec Perez Prado Allez-y les bergères Dansez avec vos loups Tout au long de mes vers Hoc ! Hoc ! Hoc ! ouh ! Mais s'il est parmi vous Une fée, une fleur, quelque part sur la piste Qui entend malgré tout, Malgré le cha-cha-cha les mots de ma voix triste, Si elle est parmi vous Cette fille, cette soeur, alors dites-moi vite Où?

La Chanson (Claude Nougaro)

Celle qui entre par une oreille Trouve l'autre fermée Et ressort par la bouche La chanson Celle qui fait sa place au soleil Dans l'ombre de nos coeurs Et que rien n'effarouche La chanson La chanson, celle qui a la vie brève A peine a-t-elle fait la La la qu'elle n'est plus là La chanson La chanson, la chanson, celle qui rêve De déplacer plus d'air Que l'air de la Tosca La chanson La chanson, la chanson L'oiseau-mouche perché Sur le grand mur du son Celle qui m'est revenue l'autre nuit Mais celle qui la chantait Elle ne reviendra plus La chanson Celle qui est incarnée sous la pluie Par une Edith qui piaffe A l'angle de la rue La chanson La chanson, celle qui est encore Dans le corps d'un piano Refermé pour toujours La chanson La chanson, la chanson cousue d'or Qui se paie des jardins En gueulant dans les cours La chanson La chanson, la chanson, la chanson Dont on croit connaître la chanson Mais non !

Le Paradis (Claude Nougaro)

O Eve, Eve, mon petit Te souviens-tu du paradis ? Un Dieu nous y gavait d'oranges et de cerises Mais une pomme un jour provoqua son courroux Et nous voilà dehors, sans même une valise Sous l'orage et l'éclair, marchant droit devant nous O Eve, Eve, mon petit Te souviens-tu du paradis ? On cherchait un abri sous l'orage qui cogne Le ciel pleuvait des larmes, tu pleurais de la pluie Pas l'ombre d'un palais, pas même un hôtel borgne Allons donc chez le diable ! Il n'était pas chez lui O Eve, Eve, mon petit Te souviens-tu du paradis ? Des siècles ont passé et nous voici ce soir Dans cette chambre obscure, sous un toit de Paris Avec le paradis au fond de la mémoire Et des disques de jazz, au pied de notre lit O Eve, Eve, mon petit Te souviens-tu du paradis ? Allons, viens près de moi, sans craindre de discorde Le pommier de ton corps ne m'est plus interdit Et si Dieu, de nouveau, défendait que j'y morde Laisse-moi le chasser de notre paradis...

Le Rouge et le Noir (Claude Nougaro)

L'enseigne au néon A rentrée du Bouge Eclaire la chambre Noir D'une lueur Rouge Quand descend le Soir Et dans cette chambre Rouge Y'a un grand type Noir Avec une fille Rouge En robe de soie Noire L'enseigne au néon A l'entrée du Bouge Eclaire la chambre Noir D'une lueur Rouge Couleur d'abat- toir Et dans cette chambre Rouge Y'a le grand type Noir Qui boit du gin Rouge Comme un enton- noir Tandis qu'la fille Rouge Se remet du rouge Noir L'enseigne au néon A l'entrée du Bouge Eclaire le type Noir Qui s'met à rire Rouge Et s'ressert à Boire Tandis qu'la fille Bouge Ses hanches de soie Noire Au rythme d'un Blues Qui sort du bouge Noir L'enseigne au néon A l'entrée du Bouge Bat comme un coeur Noir Le type se fait tendre Rouge La fille dit- Non Noir - Qu'est-ce qui te prend ? Rouge Lui demande le Noir Qui voit soudain Rouge C'est parce que je suis Noir ? - Non, dit la fille Rouge C'est parce que t'es Noir

Tout feu tout femme (Claude Nougaro)

Aucune pluie, aucun orage Aucune pompe à incendie N'éteindra ce feu qui ravage Et consume ma vie Je brûle, je flambe, je grille, je crame Dès que je vous vois, mes chéries Je suis tout feu tout femme Tout feu tout femme Tout feu tout femme Si vous me donnez l'eau de votre bouche Vous mettez de l'huile sur le feu Si votre regard glacé me douche Cette douche me brûle encore mieux A peine une brune aux yeux de braise Vient-elle de m'incinérer Que je replonge dans la fournaise D'une blonde cendrée Jusqu'au dernier tison de l'âme Toute ma vie je souffrirai D'être tout feu tout femme Tout feu tout femme Tout feu tout femme Comme la neige, ô toi tu es pure Fraîche comme une source, pourtant Eteins-moi vite sous tes couvertures Je suis sur des charbons ardents J'pourrais tomber dans un cratère Les flammes me laisseraient froid Mais que passe la moindre bergère Et je m'allume déjà Soyez mes Jeanne d'Arc, mesdames Montez sur mon bûcher à moi Qui suis tout feu tout femme Tout feu tout femme Tout feu tout femme