Textes et chansons de Claude (lettre LES-A à L-O (20 titres)

LES ANGES

À midi les anges mangent
Sur la nappe de l'azur
La resplendissante orange
Du soleil bien mûr
Quand le repas est fini
C'est la nuit, c'est la nuit

À minuit les anges lavent
Leurs grandes ailes dorées
À la fontaine suave
De la voie lactée
Quand le dernier sort du bain
C'est le matin, c'est le matin
Au printemps les anges volent
Comme de jolis papiers
En laissant leurs auréoles
Tomber à leurs pieds
Quand l'un d'eux vous vole autour
C'est l'amour, c'est l'amour
En hiver les anges bâillent
Et sommeillant à demi
Ils s'étendent sur la paille
Comme des brebis
Quand le plus bavard s'endort
C'est la mort, c'est la mort
Alors, alors
Nous devenons tous des anges
On se réveille à midi
Devant la superbe orange
Du soleil qui luit
Quand le bon Dieu nous sourit
C'est la vie, c'est la vie
C'est la vie, c'est la vie

paroles: Claude Nougaro - musique: Henri Salvador.

LES BAS

Les bas, les bas, où sont passés les basLes bas de femme, les si beaux bas de soieQui glissent, qui glissent sur une cuisse de neigeOù sont passés les bas noirs, les bas beiges
Où sont passés les basLes bas, les bas, si beauxQui glissent de bas en hautOù sont passés les basLes transparentes peauxQui glissent de haut en bas
Moi le fin limierJ’ai eu beau les filerIls ont disparu.Chez les vers à soieOù j’ai enquêtéMotus et bouche cousueBouche bouche cousue
Les bas, les bas, où sont passés les basLes bas de femme, les deux serpents de soie
Où sont passés les basLes sublimes couleuvresQu’ aiment avaler les hommesOù sont passés les basLes enivrants chefs-d’oeuvreLes bas, bas au rhum
Je les ai cherchésDans les prisons doréesIls s’étaient faits la paireJe les ai cherchésÀ la maison d’arrêtDes porte- jarretellesIls avaient fait la belleOù sont passés les basÀ bas, à bas tout ce qui n’est pas un basOn en a marre des hauts, on veut des bas
N’y a t’il plus une seule femme ici-basQui agrafe ses bas à son slip de dentellesHélas, tous les collants se sont rués sur ellesOh non, tout mais pas çaLes bas, les bas, où sont passés les basLes bas de femme, les si beaux bas de soie
Où sont passés les basLes bas, le B-A BADes jambes fémininesOù sont passés les basLes bas qui coulent de soiSur des chevilles fines
Ces bas dévolusÀ la chair de pouleOù est-ce qu’il se planquentNe servent il plusQu’à faire des cagoulesAux braqueurs de banqueBraqueurs de banqueOh non tout mais pas çaBranle-bas de combatJe réclame un débatOù sont passés les basBranle-bas de combatOù sont passés les bas.
 

Paroliers : Claude NOUGARO / Eric CHEVALIER / Yvan Cassar Paroles de Les Bas

© Les Editions Miss Terre

LES BILLES

Quand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des billesJe me souviens d'une bille de verreQui n'était pas piquée des versJe me souviens d'une bille d'innocenceLe monde était rond petit pataponJe me cachais dessous la robe des femmesLes jours d'été c'était là qu'il faisait bonQuand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des billesJe me souviens d'une bille de verreQui n'était pas piquée des versQuand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des billesElles se roulent des prunellesDe petites filles modèlesQuand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des trillesDes trill's de bill's qui trinqu'nt entre ellesDans un carrousel d'étincellesQuand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des billesJe me souviens d'une bille d'agatePuis je me souviens d'une nuit qui fit date
Alors une nuit l'enfant s'éveilleDans une fusée de lait d'étoilesExplosion si douce, cette sève de floconsSur son ventre, ce sanglot sidéralEt puis une nuit l'enfant s'éveilleDans un rêve vert vertigineuxQuel est ce frisson de l'air,Cette aile sur son front qui joue avec le feuC'est elleEt puis un matin l'enfant s'éveilleIl s'éveille à l'homme dangereux
" La terre vue de loin on dirait que ça baigneApproche toi petit, plus près, encore plus prèsJe vois des taches rouges, on dirait que ça saigneOn dirait pas petit, ça saigne pour de vrai "Cette arche de beauté qui baigne dans l'espaceSe creuse à l'intérieur d'une échine qui mordDevant la nuit des temps cette ronde de grâceEst une arène en flammes illuminée de mort
L'univers est un jeu de billesDans la cour de la créationJe t'échange toutes mes billes de plombContre une bille qui brille brilleMa belle planète, mon globe bleuAbîmes noirs, sommets neigeuxSur ta roulette, je joue le jeuJe lance ma bille
Terre,Dans le Vél' d'hiv' de l'universTu glisses sur ta chambre à airPetite reine qui scintilleRoulement à billes
Quand l'écolier se déshabilleDe ses habits tombent des billesJe me souviens d'une bille d'agatePuis je me souviens d'une nuit qui fit date

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Maurice VANDER Paroles de Les Billes © Les Editions

Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation


LES CHENILLES

Tant qu'il y aura des hommes ilY aura des tanks qu'il y auRa des hommes il y auraDes tanks qu'il y aura des hommes ilY aura desTanks qu'il y aura des hommesIl y aura des tanks qu'il y auRa des hommes ilY aura des tanks qu'il yAura des hommes il y auRa des tanks qu'il y aura desHommes il y aura des tanks qu'ilY aura des hommes il yAura des tanks qu'il y aura desHommes il y auRa des tanks qu'il y auraDes hommes il y aura des tanks qu'ilY aura desHommes il y aura des tanksQu'il y aura des hommes ilY aura des tanks qu'il y auRa des hommes il y aura desTanks qu'il y aura des hommes ilY aura des tanks qu'il y auRa des hommes il y auraDes tanks qu'il y aura des hommes ilY aura desTanks qu'il y aura des hommesIl y aura des tanks qu'il y auRa des hommes ilY aura des tanks qu'il yAura des hommes qu'il y auRa des tanks qu'il y aura desHommes il y aura des tanks, merdeCrevez chenilles! nous, nous croyonsAux premiers pas des papillons.

 

Paroliers : Claude Nougaro / Aldo Romano

LES CRAQUANTES

Cameramen, photographes, c'est l'heure HVissez vos zooms, vite rechargez vos flashes!Dans une vague de salive,Regardez qui nous arrive...Les craquantes!Celles qui font se déboutonner les yeux,Celles qui font se déboussoler les pieux,Celles qui éclatent comme des minesAu milieu de mon magazine,Les craquantes!Craquez moi, croquez moi,Vous qui pourtant de l'ange n'êtes qu'un croquisCroquez moi, craquez moi,Dans votre chambre noire, je pousse mon litCameramen, photographes, c'est l'heure vacheCrevant vos zooms et vous recrachant vos flashes,Dans un flot de pellicule,Elles avancent, on recule...Les craquantes!Sous leurs cheveux dressés comme des chevaux,Sonnant du corps comme cor à Roncevaux,Elles balancent leur plastique,Leurs bombes anatomiques,Les craquantes!Craquez moi, croquez moiCannibalesses de cuivre aux cuisses de cuir!Croquez moi, craquez moi,J'ai quelque part une aile qui est dure à cuire...Cameramen, photographes, je vous lâcheElles font la guerre et vous ne faites qu'un Match!Vous ne voyez que poupéesLà où je vois l'épopée,Sempiternelle équipéeDes Walkyries rayonnantes,Des amoureuses massacrantes,Les craquantes,Les craquantes!

 

Paroliers : Claude Nougaro / Maurice Vander

LES DON JUAN

Ce qu'il faut dire de fadaisesPour voir enfin du fond de son litUn soutien-gorge sur une chaiseUne paire de bas sur un tapisNous les coureurs impénitentsNous les Donjujus, nous les Don Juan
Mais chaque fois que l'on renifleLa piste fraîche du juponPour un baiser, pour une gifleSans hésiter, nous repartonsLa main frôleuse et l'œil luisantNous les Donjujus, nous les Don Juan
Le seul problème qu'on se poseC'est de séparer en deux portionsCinquante-cinq kilos de chair roseDe cinquante-cinq grammes de nylonC'est pas toujours un jeu d'enfantPour un Donjuju, pour un Don Juan
Le mannequin, la manucureLa dactylo, l'hôtesse de l'airTout est bon pour notre pâtureQue le fruit soit mûr ou qu'il soit vertFaut qu'on y croque à belles dentsNous les Donjujus, nous les Don, Don, Don, Don Juan
Mais il arrive que le cœur s'accrocheAux épines d'une jolie fleurOu qu'elle nous mette dans sa pocheSous son mouchoir trempé de pleursC'est le danger le plus fréquentPour un Donjuju, pour un Don Juan
Nous les coureurs du tour de tailleNous les gros croqueurs de sourisIl faut alors livrer batailleOu bien marcher vers la mairieAu bras d'une belle-mamanPauvres Donjujus, pauvres Don Juan
Nous tamiserons les lumièresMême quand la mort viendra sonnerEt nous dirons notre prièreSour un chapelet de grains de beautéEt attendant le jugementNous les Donjujus, nous les Don Juan

 

Paroliers : Claude Nougaro / Michel Jean Legrand Paroles de Les Don Juan © Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation


LES ENFANTS QUI PLEURENT

Les enfants qui pleurentNe sauront jamaisNi compter les heuresNi le temps qu'il fait
J'ai connu MartineElle avait treize ansQuand sonnaient matinesAu clocher du temps
Ma voiture est morteD'un chagrin d'amourEt derrière la porteJe t'attends toujours
J'ai quitté l'écolePour courir la merMais la mer est folleEt bientôt c'est l'hiver
Les enfants qui pleurentNe sauront jamaisLa moitié de ce que je sais

 

Paroliers : Eddy Marnay / Michel Jean Legrand

Paroles de Les Enfants qui pleurent

© Warner Chappell Music France, Wixen Music Publishing

LES MAINS D'UNE FEMME DANS LA FARINE

Mieux encore que dans la chambre j' t'aime dans la cuisineRien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farineQuand tu fais la tarte aux pommes, poupée, tu es divineRien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farineAllez roule-moi, roule-moi la pâteCa me plaît, ça m'émeutQuand je vois voltiger les mains blanches de mon cordon bleuMieux encore que dans la chambre j' t'aime dans la cuisineRien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farineEst-ce pour ta tarte ou tes pommes que je me lèche les babinesRien n'est meilleur que les mains d'une femme dans la farineSi ce n'est mes propres mains posées sur ta poitrineRien n'est plus doux que les mains d'une femme dans la farineOh c'est pas de la tarte, la pâtisserieNon c'est pas du tout cuitFaut lever la pâte et cela exige beaucoup d'énergieA te voir ainsi je retrouve mon âme enfantineRien n'est plus pur que les mains d'une femme dans la farineC'est comme si tu étais ma mère en même temps que ma gamineRien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farineRien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farine.

 

Paroliers : Steve Allen / Raymond M Brown

LES MINES DE CHARBON

Au Saint Hilaire ou chez RégineTout sepasse au fond, au fond, au fondC'est comme dans les minesComme dans les mines de charbon
Ceux qui travaillent dans les minesDescendent blancs remontent noirsC'est cequi m'arrivait chaque soirAu Saint Hilair' ou chez RégineJ'y ai connu une mineureAvec une mèche de cheveux blondsQui rayonnait contre son frontComme une lampe de mineur
Au Saint Hilaire ou chez RégineTout se passe au fond, au fond, au fondC'est comme dans les minesComme dans les mines de charbon
Lorsque je pris sa taille fineJ'en eus le grisou dans les mainsEt des sueurs au creux des reinsComme les mineurs au fond des minesEn l'aimant je prenais des risquesJe savais que j'allais souffrirMoi qui ne pouvais lui offrirQue des diamants de tourne disques
Au Saint Hilaire ou chez RégineTout se passe au fond, au fond, au fondC'est comme dans les minesComme dans les mines de charbon
Un soir bien sûr elle fit des minesÀ une mine d'or, un joli cœurJe sentis un marteau piqueurQui me défonçait la poitrineJ'ai compris que c'était le finalJe voyais se marrer la galerieC'est la première fois que l'on me vitR'monter au jour la gueule toute pâle
Au Saint Hilaire ou chez RégineTout se passe au fond, au fond, au fondMais je me dis en consolationQue pour en baver pour de bonRien ne vaut les vraies mines de charbon

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Michel LEGRAND Paroles de Les Mines de charbon © Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation


LES MOTS

Les mots divins, les mots en vains,Les mots de plus, les motusLes pour rire, les mots d'amourLes mots dits pour te maudireLes mots bruissants comme des rameauxLes mots ciselés comme des émauxLa faim de mots, la soif de motsQui disent quelque choseLes mots chéris qui sur mes lèvresN'ont pas trouvé leur placeLes mots muets, les mots buéeComme un baiser sur la glaceLes mots bouclés, clés de l'espaceLes mots oiseaux qui laissent des tracesLes mots qui tuent, les mots qui muentLes mots tissant l'émotionLes mots pâlis, les mots salisLes mots de prédilectionLes mots qui te caressent comme des mainsLes mots divins, les mots devinsLes premiers motsLa faim des maux

 

Paroliers : Claude Nougaro / Daniel Goyone

LES NOCES DE SANG

Pour leurs noces de sang13 cierges brûlent dans l'abysseSaint Sulpice ou glisseL'amoureux suppliceDe Jacob et l'angePeint par DelacroixL'ombre de la croixDu seigneur
De ce seigneurQui saigne et puis qui meurtSur sa croix païenneLéchée par des chiennesAux mamelles doucesRiant, que repoussentLes soleils de l'hommeMarchant sur la pomme
Univers, univers, uniterreIls s'unissentL'un à l'autre, glissentUne alliance lisseConjurant les vicesEt les délicesChacun d'eux se visseEn l'autre et pour le tempsQue durera leur sang
Pour leurs noces de sang13 cierges brûlent dans l'abysseSaint Sulpice ou glisseL'amoureux suppliceDe Jacob et l'angePeint par DelacroixL'ombre de la croixDu seigneur
Que ton coeurSur mon coeurCrie

LES OGIVES DE JULIEN

Les ogives de Julien
Saint Julien le Pauvre
Savent bien qu’il n’y a rien
Que la foi qui sauve
Je viens parfois m’y loger
Pénitent calme et modeste
J’apprécie les horlogers
Surtout les célestes
Dans un silence de cils
Où grince à peine une chaise
Sans messie et sans missel
Je m’installe à l’aise
Les ogives de Julien
Savent bien qu’il n’y a rien

Que la foi qui sauve
La foi, ma foi, j’en ai peu
Pas de quoi brûler un cierge
Bien que je sois né sous le
Signe de la vierge
Que je croie ou n’en croie rien
Le bon Julien s’en balance
Il connaît trop les chrétiens
Ascendant Balance
Les ogives de Julien
Savent bien qu’il n’y a rien
Que la foi qui sauve
Pas la foi sauve-qui-peut
De ces lascars fanatiques
Qui brandissent leur prie-dieu

Comme un coup de trique
Alors là, je suis sérieux
Saint Julien ou Dominique
Je voudrais bien qu’on m’explique
L’eau, la terre, le feu, l’air
Tout ça pour que l’homme braque
Ses ogives nucléaires
Sur notre baraque
Les saints ne répondent pas
À des questions aussi vaines
Il faut suivre pas à pas
Le chemin des veines
Ramer, ramer dans son sang,
Et soulever des monts chauves
Pour saisir enfin le sens
De la foi qui sauve

Des ogives de Julien
Saint Julien le Pauvre

 

Paroles de Claude NOUGARO
© Les Editions Miss Terre


LES P'TITS BRUNS ET LES GRANDS BLONDS

Les p'tits bruns et les grands blondsQuand ils sont entre garçonsLes p'tits bruns et les grands blondsRient comm' des fous, sont comm' des frèresMais quand se pointe un juponLeurs amitiés se défontLes p'tits bruns et les grands blondsSe font la gueul', se font la guerreIls se disent en eux-mêmesDès qu'une beauté s'amène :Qui de nus prendra sa main.Le grand blond ou le petit brun ?Le grand blond se rembrunitEt le petit brun pâlitCar ils se craignent chacunGrands blonds et petits brunsC'est très triste oui, très triste ce conflitQui éclate entre amis de naguèreMoi qui suis ce qu' je suisJe trouv' qu' ça devrait pas êtr' permis
Les p'tits bruns et les grands blondsQuand ils sont entre garçonsLes p'tits bruns et les grands blondsRient comm' des fous, sont comm' des frèresMais quand se pointe un juponLeurs amitiés se défontLes p'tits bruns et les grands blondsSe font la gueul', se font la guerre,Le blond se dit en lui mêmeJ'suis gagnant, y a pas d'problèmeCar les filles, c'est certain,Préfèr'nt les grands blonds aux p'tits brunsTandis que le brun se dit : " c'est d'accord, je suis petitMais l'amour, c'est mon rayon zéro pour les grands blondsEt y a toujours une blonde qui choisit le petit brunUne brune dans le mond' que l'blond aim'ra demainAinsi finit la triste guerre ils se retrouventEntre garçons rient comm' des fousSont comm' des frèresLes p'tits bruns et les grands blonds.

Paroliers : Claude NOUGARO / Hubert GIRAUD
Paroles de Les P’tits Bruns et les Grands Blonds
© Semi

LES PAS

Qui des deux a marché vers l'autreJ'ai longtemps cru que c'était toiMais la descente est une côteSelon le côté que l'on voitDisons que je montais la penteDisons que tu la descendaisMais qu'elle soit rapide ou lenteL'heure venue, je t'attendaisEt désormais quoi qu'il advienneOù que tu ailles, d'où que je vienne
Je n'ai qu'à suivre mes pasToujours le même phénomèneMes pas vers toi me ramènentToujours les tiens viennent vers moiOn peut les prendre par tous les boutsTous les chemins mènent à nous
Qui des deux a marché vers l'autreChacun de nous moitié moitiéPar les persiennes de mes côtesMon cœur tout là-bas te voyaitTe voyait venir sur la routeEt même quand tombaient les nuitsIl entendait, écoute, écouteIl t'entendait marcher vers luiEt désormais quoi qu'il advienneLiés par d'invisibles chaînes
Je n'ai qu'à suivre mes pasToujours le même phénomèneMes pas vers toi me ramènentToujours les tiens viennent vers moiJe n'ai qu'à suivre mes pasEt toi les tiens n'importe oùOn peut les prendre par tous les boutsTous les chemins mènent à nous.

 

Paroliers : Arnaud DUNOYER DE SEGONZAC / Claude NOUGARO / Denis BENARROSH / Jean-Marie ECAY / Laurent VERNEREY /

Loic PONTIEUX Paroles de Les Pas

© Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation

LES PETITS PAVES

Las de t’attendre dans la rue
J’ai lancé deux petits pavés
Sur tes carreaux que j’ai crevés
Mais tu ne m’es pas apparue
Tu te moques de tout je crois

Tu te moques de tout je crois
Demain je t’en lancerai trois
Par devant ta porte cochère
Pour faire tomber tes amis
Trois et quatre pavés j’ai mis
J’exècre tes amis ma chère

Demain je recommencerai 

Demain je recommencerai 
Et tes amis je les tuerai
Si tu ne changes pas d’allure
J’écraserai tes yeux ton front
Entre deux pavés qui feront
A ton crâne quelques fêlures
Je t’aime t’aime bien pourtant 

Je t’aime t’aime bien pourtant
Mais tu m’en as fait tant et tant
Les gendarmes en cavalcade
Me poursuivront après ce coup
Pour m’attacher la corde au cou
Je me bâtis ma barricade
Et sur les pavés je mettrai 

Et sur les pavés je mettrai 
Mon cœur durci par le regret
Autant de pavés par le monde
De grands et de petits pavés
Que de chagrin-ins encavés
Dans ma pauvre âme vagabonde
Je meurs je meurs de tout cela 

Je meurs je meurs de tout cela {x2}
Et ma chanson s’arrête là.

 

Chanson composée par Paul Delmet

mais elle a été écrite par Maurice Vaucaire.


LES PIGEONS

Les pigeons du square Viviani
Pique-niquent sans relâche
Le pain dur, le pain de mie
Que les gens leur lâchent
Quand plus rien n’est à piquer
Les pigeons jouent à pigeon-vole
Ils font des raids, des piquées
Vers d’autres pactoles
J’en connais un, le gros Léon,

Le pigeon de Notre-Dame
Qui joue du bandonéon
Pour sa gente dame
Il roucoule comme un con
Dottière venu de Venise
Malgré les gros poux qui con
Stellent sa chemise
La pigeonne, nous l’appellerons
Par exemple Irma la Douce
Aime les façons de Léon
À la va comme j’ te pousse
Elle pondra des œufs de pigeon
Piquetés de petites tâches
Pour que, dès tombés du nid
Les pigeons du square Viviani

Pique-niquent sans relâche
Le pain dur, le pain de mie
Que les gens leur lâchent

 

Auteur : Claude Nougaro
Editions : Miss Terre

LES POINTS

Les poings fermés, les points vitauxLes points sur les i, les cardinauxLes terminus, point à la ligneLes points de suspension de CélineLes poings du boxeur dans son coinEt puis l'arbitre qui compte les pointsLes points de ton corps où j'appuieQuand ça t'fait mal ou quand tu jouisJ'en finis plusD'compter les pointsPoint point point
Le premier bon point à l'écoleEt les mauvais baignant dans la colleCeux qu'on découpe en pointilléEt là-haut ceux qu'on voit scintillerLes points chinois d'l'acupunctureLes poings sur la gueule, les points d'sutureEt le plus fort, le point sensibleComme une flèche au cœur de la cibleJ'en finis plusD'compter les pointsPoint point point
Sans oublier tous les points noirsQue tes belles mains me pressurentNi le point de vue de clébardQue j'ai quand passe ta cambrureLes points de rupture, certains soirsUn point c'est tout, adieu, c'est marreLe petit point à l'horizonÀ l'horizon du verbe poindreOn ferait tout pour le rejoindreÀ point nommé, point d'AlençonLes points y en a trop, y en a tantNe forçons point notre talentFinissons-enD'compter les pointsPoint point point
Les poings fermés, les points vitauxLes points sur les i, les cardinauxLes terminus, point à la ligneLes points de suspension de CélineLes poings du boxeur dans son coinEt puis l'arbitre qui compte les pointsIl n'y a qu'un point où tout est clairC'est le point obscur de notre affaireC'est le point mortPoint capitalPoint final

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Jean-Claude VANNIER Paroles de Les Points  © Les Editions

Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation

LETTRE  DE  JULOS BEAUCARNE

Extrait de la lettre que Julos Beaucarne écrivitDans la nuit du 2 au 3 février 1975Après la mort de sa femmeAssassinée par un homme devenu fou
 
Amis bien aimésMa Loulou est partie pour le pays de l'envers du décorUn homme lui a donné neuf coups de poignards dans sa peau douceC'est la société qui est maladeIl nous faut la remettre d'aplomb et d'équerrePar l'amour, et l'amitié, et la persuasion
Sans vous commanderJe vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont prochesLe monde est une triste boutiqueLes coeurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellirIl faut reboiser l'âme humaine
Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristessesOn doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradisAh, comme j'aimerais qu'il y ait un paradisComme ce serait doux les retrouvailles
En attendant, à vous autres, mes amis de l'ici-basFace à ce qui m'arrive, je prends la libertéMoi qui ne suis qu'un histrion, qu'un batteur de planchesQu'un comédien qui fait du rêve avec du ventJe prends la liberté de vous écrirePour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui
Je pense de toutes mes forcesQu'il faut s'aimer à tort et à traversJe pense de toutes mes forcesQu'il faut s'aimer à tort et à travers

 

Paroliers : Maurice Vander / Julos Beaucarne


LOCOMOTIVE D'OR

Locomotive d'or, aussi riche en pistons,Aussi chargée d'essieux que de siècles un sépulcre,Locomotive d'or, croqueuse d'un charbonPlus fruité, plus juteux que l'est la canne à sucre,Locomotive d'or,Sans un soupçon de suie, sans une ombre de lucre,Tu me fis visiter tes Congos, tes Gabons,Tes Oubangui-Chari et tes Côte-d'IvoireOù de blancs éléphants m'aspergeaient de mémoire.Locomotive d'or.
Je reluquais le rail, assis sur ma valocheEt l'horloge vaquait dans l'espace vaquant,Le silence avouait quelque chose qui clocheQuand soudain retentit la clameur de Tarzan,Quand soudain j'entendis un autre son de cloche,Tu arrivais enfin du fond du cœur du temps,Tes plumes de vapeur sur ta face de tigre,Tes faisceaux de sagaies, tes boucliers de cuivreLocomotive d'or.Locomotive d'or, de bondir à ton bordMe donna même joie qu'au sexe de la femmeMon corps ne m'aidait plus qu'à survoler mon corps,Ma chair devint esprit, et mon âme Tam-tam,Tam tam, tam tam, oui oui, tam tam d'âme,Partout, dedans, dehors,Et de toutes ses dents, succulente banane,Kenny Clarke riait comme un enfant s'endort.Comme un enfant s'endort,Comme un enfant s'endort,Kenny Clarke riait comme un enfant s'endort,Comme un enfant s’endort ayant vu le miracle,Comme un enfant s'endort dans l'œuf ailé de Pâques,Dans l'amour tournoyant.Locomotive d'orTout le monde va descendre dans la gare divine,Dans la gare divine, le chef de gare est aimé,Dans la gare divine la locomotive d'or va souffler,Comme un enfant s'endort.La locomotive d'or.Comme un enfant s'endort,La locomotive d'or.

 

Paroliers : Claude NOUGARO / James CAMPBEL / Youla FODEParoles de Locomotive d’or © Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation

L'OS ANGELES ELDORADO

J'ai vu Los Angeles dans l'Eldorado
Mélangé des Bons baisse
Les dollars volaient hauts
J'ai vu Los Angelès dans l'Eldorado
Y'a de belles gonzesses et encore plus d'autos
J'voulais faire des prouesses
Sinon j'l'avais dans l'dos
J'ai loué une caisse conçu comme un paquebot
Puis j'ai pris une suite à l'Ouest d'Hollywood
Je m'suis pris une cuite et m'suis dit : It's so good !
Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
J'ai fait quelques liesses, peint quelques tableaux

Plaqués quelques liasses des trucs rigolos
Rencontrés des Françaises au coin d'une piscine
Dans la nuit c'est pas laid
On a meilleure mine
Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
C'est une bonne adresse, du nougat du gateaux
Croqué Los Angels dans l'Eldorado
Bien sûr il y a des squales qu'il vaut mieux ne pas voir
Mais il ya des étoiles gravées sur les trottoirs
Los Angelès Eldorado

Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
Los Angelès Eldorado
Ad Lib ...

 

Paroles Claude Nougaro

Label : WEA Music (France)


LE K DU Q (ou Un graind de folie)

1977 Album: Plume D'ange

Dans l'âme, j'ai un grain de folie
Tu as un grain de beauté sur la fesse
De ces deux petits grains dans ce grand lit
Lequel va germer, dis-moi ô ma princesse ?
Est-ce mon grain de fou
Mon grain de feu
Ou est-ce ton grain de peau
Ton petit grain de poudre
Et dis-moi si nos deux grains réunis
Ça mettait le feu aux poudres ?
Dans l'alphabet du corps, le Q est la consonne
Qui m'occupe toujours particulièrement
Et même si tu te paies des yeux de diamant
Mes yeux lâchent tes yeux pour lécher ta consonne

Cent mille fois d'accord, un chien, je suis un chien
Ma patte se raidit et je bave à la une
Devant l'astre joufflu ensorcelé de lune
Ce papillon gonflé qui troue toutes mes nuits
Dans l'âme, j'ai un grain de folie
Tu as un grain de beauté sur la fesse
De ces deux petits grains dans ce grand lit
Lequel va germer, ô ma princesse ?
Dans l'alphabet du corps, ton Q est un Y
Un fabuleux Y frotté de soleil nègre
Ma mecque, mon coffre-fort à moi, pauvre mec
Quand ta chute de reins coule sur mes yeux maigres
Zabou zabou zabou zabou baka tombé
Je te parle crûment, foin de délicatesse

Mon beau feu d'artifice, mon beau fou d'artifesse
Trou de balle de tennis, ma raquette est tombée

Dans l'âme, j'ai un grain de beauté
Tu as un grain de folie sur la fesse
De ces deux petits grains, ces grains de blé,
Lequel va germer, ô ma princesse ?

 

Paroles: Claude Nougaro

Musique: Claude Nougaro / Maurice Vander