Lettre : J

JALOUSIE

Desdémona, DesdémonaOthello vient, Othello vaLa blanche DesdémoneDéfait ses blonds cheveuxAutour d'elle frissonneLe palais ténébreuxComme un aigle au coucouOthello tient à elleCaresser son cou frêleAvec un soin jalouxDesdémona, DesdémonaOthello vient, Othello vaLa blanche DesdémoneBrosse ses blonds cheveuxElle prie la Madone:" Ouvrez lui donc les yeux!..."Elle ne comprend pasQue celui qu'elle adoreVeuilleSa mort, ce MaureDont elle guette le pasDesdémona, DesdémonaOthello vient, Othello vaLa blanche DesdémonePrie pour son homme noir:" Faites enfin qu'il raisonne..."Résonne le couloir" J'ai peur mon Dieu, c'est lui!"Mais non, plus rien ne bougeToute pâle et si douceElle s'étend sur le litDesdémona, DesdémonaOthello vient, Othello vaS'endort la pauvre femmeÉclairée d'un flambeauBrusquement crie la flammeApparaît OthelloÀ son flanc resplenditLe poignard d'émeraudeAvant que luise l'aubeIl en aura finiDesdémona, DesdémonaOthello vient, Othello vaIl étreint la déesse:" Démone! lève toiQue voulez vous, mon prince?T'étouffer de ces doigtsMais que vous ai je faitOthello, je vous aime!Ne me mens plus, putaine!Cesse de blasphémerDe ton stupre, supplice,Je connais les exploitsDieu pardonne tes vicesAvant que je te broieC'est faux! Pour vous chérirJ'ai vécu sans mensonge...Ce poison qui vous ronge,Je vais vous en guérirTu me trompes, vipère!Je sais tout, je t'ai dit! "Alors Othello serre...Desdémone péritDesdémona, DesdémonaOthello vint et tu t'en vasLe meutre est découvertLe criminel s'explique" Elle était angélique!Tu l'as tuée, perversTu n'aimais que la mortTout le reste est prétexteTu n'aimais que ta pesteÀ travers d'autres corps!Puisque j'étais l'enfer,Je vais faire le vide..."Devant tous, en plein bideIl enfonce son ferSerpent de sang en sort" Desdémone, ma neige...Ma brûlure, ma braiseBaiser... Baiser, encore..."Sur la morte OthelloDans un baiser expireC'est terminé. ShakespeareReferme son stylo.

 

Paroliers : Claude Nougaro

JE CROIS

Le corbeau croasse
Et l'herbe croît
Le crapaud coasse
Et moi je crois
J'ai pas d'apôtre
J'ai pas de croix
Je crois en l'autre
Je crois en moi
É didi didi didi am
É didi didi didim
É didi didi didi am
É didi didi didim
Le corbeau croasse
Et moi je crois
J'ai pas d'apôtre
J'ai pas de croix

Je crois en l'autre
Je crois en moi
J'ai eu des crises
Crises de foi
Dans les églises
Il fait très froid
Mais une vierge
Me réchauffa
Vierge du même
Signe que moi
É didi didi didi am
É didi didi didim
É didi didi didi am
É didi didi didim
Le corbeau croasse
Et moi je crois
J'ai pas d'apôtre

J'ai pas de croix
Je crois en l'autre
Je crois en moi
Las que mon âme
Ronge son frein
À Notre Dame
J'ai pris le train
Si je m'égare
Fermez les yeux
Dans une gare
Je prierai Dieu
É didi didi didi am
É didi didi didim
É didi didi didi am
É didi didi didim
Le corbeau croasse
Et moi je crois

J'ai pas d'apôtre
J'ai pas de croix
Je crois en l'autre
Je crois en moi
Crois crois
É didi di di di di am

Paroles de Claude NOUGARO
Musique de Humberto CANTO WILLIAMS
© EMI MUSIC PUBLISHING FRANCE,

LES EDITIONS DU CHIFFRE NEUF

JE SUIS SOUS

Je suis sous sous sous sous ton balconComme Roméo oh oh Marie-ChristineJe reviens comme l'assassin sur les lieux de son crimeMais notre amour n'est pas mort hein dis-moi que non
Depuis que l'on s'est quittésJe te jure que j'ai bien changéTu ne me reconnaîtrais plusEt d'abord je ne bois plus
Je suis rond rond rond rongé d'remordsJ'suis un salaud oh oh Marie-ChristineJe t'en prie encore une fois montre-toi magnanimeDonne-moi une chance encore dis recommençons
En moi il y a du bon aussiNe m'fais pas plus noir que j'suis
J'suis bourré bourré bourré de bonnes intentionsJ'ai trouvé du boulot oh Marie-ChristineC'est sérieux j'ai balancé mon dictionnaire de rimesJe n'écris plus de chansons non j'travaille pour de bon
Mes copains que tu n'aimais pasMaintenant ils rigolent sans moiD'ailleurs je t'les ai amenésTu n'as qu'à leur demander
On est sous sous sous sous ton balconComme Roméo oh oh Marie-ChristineNe fais pas la sourde oreille à ce cri unanimeJe t'en supplie mon trésor réponds réponds
Marie-Christine ne me laisse pas seulBon puisque c'est ça j'vais me saoûler la gueule

 

Paroliers : Claude Nougaro / Jacques Datin


JE VOUDRAIS ECRIRE

J’ai envie d’écrire mais je ne sais pas quoi
Dans le sud, le déluge s’amuse
Gendarmes et pompiers sont devenus les muses
De ce ciel déchaîné comme un homme qui boit
Les routes, les maisons se noient dans cette urine
De titan submergeant les salons
Les frigos, les buffets, les fourneaux des cuisines
Les parents, les enfants réfugiés aux balcons
En gros chien trempé, la terre secoue ses puces
Météo-branle-bas de combat
Le pétrole s’enflamme ou bien façon anus
Il chie dans l’océan ses tonnes de caca
Parfois, je vois passer sur telle ou telle rive
Un homme clair et bon, Hubert Reeves

Le moderne chez lui rejoint les millénaires
Sa pensée n’atteint pas le front des milliardaires
J’ai envie d’écrire mais je ne sais pas quoi
Vous narrer mon parcours de vedette ?
Au Casino du sang, le roi de la plaquette
Ne cherchez pas longtemps, c’est bien moi
Je marche à petits pas au bras de mon cancer
D’un certain côté parfois ça sert
C’est pas si con, Coco, quand on se dit chanteur
De mourir d’un concert du pancréateur
Rassurez-vous ami, nous n’en sommes pas là
La mort, cette inconnue, n’a pas donné le la
J’ai envie d’écrire, mais je ne sais pas quoi

La mort, je l’avoue, me laisse coi.

Paroles de Claude NOUGARO
© Les Editions Miss Terre

JET SET

Dans nos avions privésOn valse musetteAux quatre coins d’la planèteAussitôt arrivésCommencent les fêtesOn fait partie d’la Jet-SetC’est un milieu tranchéÇa c’est clair et netNe cherchez pas sur le NetBranché de chez branchéY a pas plus sélectOn fait partie d’la Jet-Set
Jet- Set on troue l’tempsTout l’temps dans le vent“Être c’est paraître” dit HamletJet-Set SocietyÇa pète, c’est partiPour la razzia des paparazziJet-SetFaut qu’ ça en jetteJet-Set
On a des vies privéesEt des cinq à septEn couleurs dans les gazettesOn y voit nos baisersNos liaisons secrètesFilmés quelque part en CrèteOn y voit nos voiliersNos yachts, nos vedettesBlanches coques dans l’eau violetteLa nuit vous nous voyezDans les discothèquesLignes de coke dans les toilettes
Jet-Set “the People”Galette, sex-symboleJet-Set, le sel de la sphèreJet-Set dans les airsRock and RockefellerIl n’est jamais trop star pour bien faireOn presseEt puis l’on jetteJet-Set.
Dans nos avions privésOn valse musetteAux quatre coins d’la planèteAussitôt arrivésCommencent les fêtesOn fait partie d’la Jet SetDe tête à queueEn tête à têteOn fait partie d’la Jet Set.

Paroliers : Claude NOUGARO
Paroles de Jet Set © Les Editions Miss Terre,
YVAN CASSAR  (à compte d'auteur)

JOJO LE PROJO

Dans un simple rond d'lumièreJe faisais mon numéroDans un simple rond d'lumièreAvec JojoAu projo
Je poursuivais ma carrièreDans un music-hall cradoArrachant quelques bravosJ'gambadais dans mon cerceau
Dans un simple rond d'lumièreAvec JojoAu projo
Jojo, c'était comme un frèreAvant qu'il soit alcooloAvant qu'il devienne poivrotIl connaissait son affaire
On faisait vraiment la paireLui et moi dans son pinceauComment ne pas être fier?Quand on est un peu cabot
Dans un simple rond d'lumièreAvec JojoAu projo
Avec JojoHé, Jojo
Un soir d'entrée en matièreMon joli rond de lumièreFait des huit sur les rideauxManipulé par Jojo
Puis il prend dans son faisceauUne, puis deux, puis trois rombièresMe laissant solo, solo
Dans le noir, sur le plateauContinuer mon numéroAh, misère de misèreAh salaud, salaud, salaudDerrière ton rond de lumièreT'es complètement rond, Jojo
Un certain soir pas jo-joJ'ai terminé ma carrièreAvec des doigts comme des serresJ'ai assassiné Jojo
Oui; j'ai fait la nuit entièreSur son foutu rond d'lumièreAh, salaud, salaudDe 15 et des poussièresLa justice m'a fait cadeau
Cette nuit, j'me fais la paireJ'en ai marre d'être enclosAvec quelques serpillièresEt un peu de biscotosJe me fais le mur de pierres
Ah, mais tiens, y a du nouveauOn dirait qu'un rond d'lumièreVient se plaquer sur mon dos
C'est pas vrai, c'est toi JojoQui suis chacun de mes sautsComme aux grands soirs de premièreAh, Jojo, mon vieux JojoToute la prison entièreM'applaudit sur les barreauxAdmirez le rodéo
Y a des bas, mais y a des hautsOn a du génie, JojoJ'aime la vie dans un projo
Dans un simple rondD'lumière
 

Paroliers : Nougaro Claude / Vannier

Jean-claude Michel


J'AI PERDU LE MONTBLANC DANS LA NEIGE

J'ai perdu le Montblanc dans la neigeCelui que tu m'avais offertTu n'imagines pas, Nadège,Sur le coup ce que j'ai souffertJ'ai perdu le Montblanc dans la neigeEn slalomant du haut d'un picEt maintenant, sacrilège !Je t'écris à la pointe bic
Ce n'est pas le premier que je paumeMais celui-là j'y tenais tantJe le réchauffais dans mes paumesLe suçotais entre mes dents
J'ai perdu le Montblanc dans la neigeIl avait dû coûter bonbonL'ai-je perdu au télésiègeQuand je l'ai enfourché d'un bond ?Tous mes beaux projets se désagrègentJe comptais sur ces sports d'hiverPour te pondre un grand truc, Nadège,Un vrai hit, un C.D. d'enfer
Le succès me fuit d'habitudeLa chanson c'est du baccaraMais je sentais pointer le tubeDans sa plume quinze carats
Pour trouver mon Montblanc dans la neigeJe me suis mis au ski de fondL'encre, ça se voit sur la neigeFaut dire qu'il fuyait, ce conJ'y mettrai tout le temps, NadègeN'oublie pas que la neige fond

 

Paroliers : Arnaud DUNOYER DE SEGONZAC / Claude NOUGARO Paroles de

J’ai perdu le Montblanc dans la neige © Les Editions Du Chiffre Neuf

JESUS

" Jésus, ne réponds pas quand ton père te cause !C'est pour ton avenir que je trime comme dixTe rends tu compte enfin des soucis que tu m'causes ?Qu'ai je fait au Bon Dieu pour avoir un tel fils !Pendant que moi j'te cloue, j'te rabote, j'te racleMonsieur s'promène dans les rues de NazarethTiré à quatre épingles et les ongles bien netsFaisant des farces à tous et l'on crie au miracle !Je suis sérieux, Jésus, et j'te défends de rire !J'suis pas ta mère, moi... Ah ! la pauvre Marie !Ell' dit toujours amen à son petit CricriSi je la laissais faire, ce serait du délireParc'qu'un soir, une étoile a perdu la boussoleTe voilà descendu de la cuisse de JupiterEt moi qui te nourris, je n'ai plus qu'à me taireOu à faire des ooooooh ronds comme des auréolesRemarque, mis à part son côté romanesqueTa mère est une sainte et tout c'que j' te souhaiteC'est de trouver un jour une femme aussi chouetteVoyons, Jésus, voyons, tu as vingt ans ou presqueÀ cet âge, fiston, on n'est plus un gaminTiens, tout à l'heure, encore, Monsieur IscarioteParlait de son petit en faisant la beloteJudas... En voilà un qui fera son chemin !Poli, vaillant, franc comme le bon painY a de quoi être fier quand on a un tel gosse !Et au lieu de partir à Cana faire la noceTu devrais prendre exemple et t'en faire un copainPourquoi fais tu cet air, je me trompe peut être ?Bon, eh bien continue de ne pas m'écouter...Quand tu es né, il y avait deux ânes à tes côtésLe second c'était moi, je n'ai plus qu'à l'admettreAllez va, je vais finir la maison du RomainViens me faire la bise, mon Jésus, mon grand fou...Hé ! ce matin... avec le marteau... sur la main...Je me fous un coup !Tiens regarde

Y a plus rien ?Nom de Dieu ! Y a plus rien !Ooooooh....."

 

Paroliers : Claude NOUGARO Paroles de Jésus © Les Editions Du Chiffre Neuf


Lettre : K

KINE

J’aime une kiné
Kiné qui n’est, qui n’est plus en exercice
Ses mains et ses doigts
Je les garde pour moi
Les deux plus les dix
Car qui n’est, qui n’est, qui n’est pas aux anges
Corps abandonné entre ses phalanges?
Elle a tout pour elle
Même avec des ailes
Ca serait pas mieux
Elle a les yeux verts
Comme un univers
Au sommet des cieux
Quand je la sens lasse
Alors, elle me masse
J’aime une kiné
Kiné qui n’est plus du tout disponible
Elle a trop à faire
Avec mes vertèbres en déséquilibre
Car qui n’est, qui n’est pas enquiquiné
Par des nerfs froissés
De sombres pensées?
Elle a tout pour elle
Même avec des ailes
Ca serait pas mieux
Elle a les yeux verts
Comme un univers
Au sommet des cieux

Quand je la sens lasse
Alors, je l’enlace
J’aime une kiné
Kiné, qui n’est, qui n’est plus dans le commerce
Je la garde pour moi-même
Car qui n’aime, qui n’aime pas qu’on le berce?
On s’est pas mariés
Au diable les messes!
Mais, soir et matin,
Je lui demande ses mains
Elle a tout pour elle
Même avec des ailes
Ca serait pas mieux
Elle a les yeux verts
Comme un univers
Au sommet des cieux

Quand ses yeux se mouillent
Alors, j’la gratouille {x2}
J’aime une kiné {ad lib}