Textes des chansons de Claude ( lettre N à P ) 22 titres.

NEGERIE

Écoutez c'était une foisEntre neige et feu de boisJe fis l'amour à ma femmeY avait longtemps qu'on l'avait pas faitL'amour comme un conte de féesPlein de sorcières et de charmesNos deux corps sur un fond de flammesSe reflétaient dans le miroirDe la vitre sur la nuitOù le bal de neigerieOrganisait la balanceDe l'orchestre du silenceÉcoutez c'était une foisEntre neige et feu de boisJe fis l'amour à ma femmeComme un rêve qui serait vraiNos regards quand ils s'entrouvraientSe partageaient toute leur âmeNos deux corps sur un fond de dramesSe reflétaient dans la mémoireDe l'amour et de la vieEt le bal de neigerieTournoyait à la cadenceDe l'orchestre du silenceÉcoutez c'était une foisEntre neige et feu de boisJe fis l'amour à ma femmeMais le feu de bois s'éteintIl faut songer au matinPour refaire encore ses gammesDésenlaçons nous ma DameVa reposer, moi j'écrisTant que brille un peu d'espoirDans la braise et dans la neigeDans la femme que l'on aimeUn beau soir.

 

Paroliers : Claude Nougaro / Richard Galliano

NOBODY KNOWS

Nobody knows the trouble I've seen
Nobody knows but Jesus
Nobody knows the trouble I've seen
Toujours il chantait ça
Paupières mi-closes, tout seul, en sourdine
Nobody knows but Jesus
Cherchant une cause humaine ou divine
Il chantait toujours ça
Je cherche un ciel, j'ai mal aux saints
Oh yes my Lord
Disait-il mi-figue, mi-raisin
Oh yes my Lord
En attendant je m'fais des ailes
Oh yes my Lord

Aux paradis artificiels
Oh yes my Lord
Nobody knows the trouble I've seen
Dans son nuage comme un Zeus
Cherchant une cause humaine ou divine
Il chantait toujours ça
Hier il est mort, ras-le-bol ou névrose
D'une overdose assassine
Il souriait les paupières bien closes
Les mains sur sa poitrine
Glory Alléluia

 

Parole Claude Nougaro

Musique gospel/ Louis Armstrong

 

NOUGAYORK

Dès l'aérogareJ'ai senti le chocUn souffle barbareUn remous hard-rockDès l'aérogareJ'ai changé d'époqueCome on, ça démarreSur les starting-blocks
Gare, gare, gareLà, c'est du mastocC'est pas du RonsardC'est de l'amerlocSera-ce la bagarreOK, j'suis ad hocJ'aurai l'gros cigareEn or, les pare-chocs
Dès l'aérogareJ'ai senti le chocFaut rentrer dare-dareDans la ligne de cokeUn nouveau départSolide comme un rocUne pluie d'dollarsIci Nougayork
Ici superstarJ'suis gonflé à blocC'est l'enfance de l'artC'est l'œuf à la coque
À moins qu'un lascarAu détour d'un blockEt sans crier gareMe découpe le lardFaçon jambon d'York

 

Paroliers : Claude Nougaro / Phillipe Saisse 

Paroles de Nougayork © Sen-saisse-tional Music, 

Mca Music Publishing, A.d.o. Universal S,

Premiere Music Group Sarl


NOUS N'AVONS PAS DE PASSEPORT

Nous n'avons pas de passeportPeut-être ce n'est pas la peineOn va partout quand on est mortOn glisse mieux sans une chaîne
La rivière conduit au portUn cadavre n'a jamais tortMonde de fer, terre de l'orAdieu, j'ai fini ma semaine
Un cadavre n'a jamais tortMonde de fer, terre de l'orAdieu, j'ai fini ma semaine

 

Paroliers : Claude Nougaro / Vander Maurice / Jacques Seraphi Audiberti

NOUS VOICI

C'est pas l'moment, non,C'est pas le moment de douterDe douter de soiC'est pas l'moment, non,C'est pas l'moment d'crier mamanOù est passée ma voixMais c'est l'moment, oui,C'est le moment de vous donnerLe meilleur de moiEnfants d'la batt'rieLe jour de gloire est arrivéNous voici, vous voilàVas y batteurLocomotive d'or mets nous sur le bon railEt vous, les cuivres bleus, ouvrez votre éventailQuant à vous, les claviers, percez le soupirailDe tout's les harmoniesEn l'honneur de la vieCar nous voici, là, si!Et vous les roadsQui avez déchargé le camion de vingt tonnesPour que lumière soit et que musique sonneTous tendus pour grandir ma petite personneAh! je vous aime roadsEt je veux faire pleuvoirDu bonheur dans le noirSur tous ceux qui sont làCar nous voiciEt vous voilà...

 

Paroliers : Claude Nougaro / Bernard Arcadio

ODETTE

Par les lourds cheveux noirs crépitant de violettesEntre ses doigts ardents il recueillait ta têteAttirant vers ses yeux ton regard inondantToujours luisaient en lui ce front, ce grain, ces lèvresDoucement ciselés par une chair orfèvreOù rayonnait soudain le diadème des dentsIl croyait ce bébé bientôt quadragénaireQu'un mot d'ordre des nuits, une loi planétaireAvaient croisé vos vies comme on tresse l'osierEt brûlant dans tes bras adorables brasiersIl baisait le cœur du mystère.À minuit dans un bar, oasis de ses dunesIl avait ressenti comme un rayon de luneSe poser sur son front tatoué de tourmentsCherchant d'où lui venait la curieuse caresseDerrière le piano où jouait Aron BridgersIl avait vu la femme au visage éléphantAu whisky il n'est rien qui soit inconcevableD'un geste encore sûr, s'asseyant à sa tableIl demanda abrupt: " Est ce que je suis beau? "La beauté, la laideur formaient ses grands bobosEt le temps renversa son sable.Issue d'un Orient aux clartés fabuleusesDans nos quartiers latins tu te sentais frileuseParfois l'homme possède une bonne chaleurDans sa chambre ce fut ta première venueEt la glace éclairée admira l'inconnueEt les draps de son lit hissèrent tes couleursIl y eut d'autres nuits et d'autres jours qui passentLes âges discordants, l'étrangeté des racesNe t'empêchèrent pas étudiante d'aimerCe petit homme noir par ta voix désarméEt trouvant sous ta main sa place.Avec son air verni arriva le mariageCar il faut qu'un matin les amants s'engrillagentDans un duo certain de s'enlacer au tempsUne tête assoiffée remplaça l'autre têtePlus lourde qu'allégée par un travail poèteEt la porte eut le bruit qu'il faisait en sortantTon sommeil eut l'odeur de ses fuites nocturnesOù pâlissait déjà le beau rayon de luneTon visage étoilé se ternit peu à peuPuis il reflamboya déployant ses cheveuxHabité d'une autre fortuneL'homme crie longuement quand jalousie le tordIl sanglote, il hurle que l'univers a tortIl s'arrache le cœur, son cœur criblé de dettesIl t'aimaitIl t'aimaitOdette

 

Paroliers : Claude Nougaro / Maurice Vander


OUH (ALLEZ LES BERGERES)

Puisqu'aux vers que j'écris,Votre cœur est fermé et votre oreille sourde,Puisque ma poésieVous fait bâiller d'ennui, ô ravissantes gourdes,Pour être dans le bainJ'y mets de la musique de style afro cubain
Allez y les bergèresDansez avec vos loupsTout au long de mes versTchikitikitinkin ouh !
Puisqu'il n'est pas d'espoirQu'on se rencontre un jour dans le lit de mes livresEt puisque le sang noirQui sort de mon stylo jamais ne vous enivre,D'un cha cha j'vous régalePour mettre des fourmis dans vos corps de cigale
Allez y les bergèresDansez avec vos loupsTout au long de mes versAkoutoukoutoukou ouh !
Je vous invite au balFaites vous une beauté, mettez vos ballerinesEt puis à mon signalDansez le cha cha cha sur mes pieds, sur mes rimes...Pour un coup de vos reins,Je donne sans regret tous mes alexandrins
Allez y les bergèresDansez avec vos loupsTout au long de mes versAgoudougoudougoun ouh !
Adieu Victor Hugo,Ronsard et toi Alfred, adieu cher BaudelaireJe vous quitte le cœur grosMais dormir avec vous, vraiment j'ai mieux à faireDerrière votre dos,Les muses dansent le cha cha avec Perez Prado
Allez y les bergèresDansez avec vos loupsTout au long de mes versHoc ! Hoc ! Hoc ! Ouh !
Mais s'il est parmi vousUne fée, une fleur, quelque part sur la pisteQui entend malgré tout,Malgré le cha cha cha les mots de ma voix triste,Si elle est parmi vousCette fille, cette sœur, alors dites moi viteOù ?

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Michel LEGRAND Paroles de Ouh ! (Allez-y les bergères)

© Les Editions Du Chiffre Neuf,

Music Sales Corporation


Lettre : P

PABLO

Ça vientLa sage-femme dit ça vientÇa vientLe fils que tu veux me donnerÇa vientMa distendue mon étrangléeÔ ma montagne écarteléeFille ou garçon qu'importeFaut que ça sorte pousse la porteViens viens viens viens viens
Il n'y a pas eu d'ombre au tableauMais une lumière ô PabloPablo Pablo Pablo PabloEt ma dulcinée de RioRiait en voyant tes grelotsPablo PabloMais tu te radines un peu trop tôtTe v'là dans une cabine ApolloAvec des tuyaux
Derrière une vitre d'Ambroise ParéLa vie va vite pour nous séparerPetit elle a plein de haches et de sciesJ'vais voir dehors si
Ça vientLa sagesse des hommesÇa vientLes clefs du clair royaumeÇa vientAmour toujours fraternitéCe vocabulaire ratéReprend du poil de la bêteC'est la fête des poètesViens viens viens viens viens
Bien sûr je flatte un peu l'tableauTrempant dans tes yeux mon pinceauPablo Pablo Pablo PabloJe suis l'ouvrier d'une usineQui sirène dans ma poitrineC'est laid c'est beauY'a beaucoup d'fumées peu d'flamencosMais je vais au boulot mon PabloPour que tu aies chaud
Dodo lolo pipi-CassoEntre le tigre et l'agneauAvec l'étoile tout là-hautDescendant sur le front du puebloPablo Pablo mon fils mon lienÇa vient

 

Paroliers : Claude Nougaro / Maurice Vander

PACIFIQUE

Ah ! Dieu que c'était beau
Le jour où nous sommes sortis de l'eau
Que c'était beau !
Ah ! Dieu que de merveilles
Dans cette vague à l'assaut du soleil
Que de merveilles !
Pacifique, Pacifique, Pacifique !

Ah ! Dieu pour tout ce ciel
Nous n'avions qu'un poumon artificiel
Pour tout ce ciel !
Ah ! Dieu j'ai attendu
Cent mille ans pour avoir un doigt de plus
J'ai attendu.
Pacifique, Pacifique, Pacifique !

Ah ! Dieu que c'était bon
Lorsque la dernière écaille est tombée
Sur nos talons
Ah ! Dieu que j'aimais ça
Sur le sable l'empreinte de nos pas
Pacifique, Pacifique, Pacifique !

Ah ! Le premier baiser
Je crois que l'océan s'est embrasé
S'est embrasé...
Pacifique, Pacifique, Pacifique !

 

Lyrics By, Music By  C. Nougaro

Music By  C. Gaudette

PAPILLONS DE NUIT

Dans l'dortoir de trois papillons de nuitLe premier s'endort, le deuxième s'ennuieLe troisième s'envole dans des corridorsEn route vers sa lampe d'orDans le noir velours de l'épaisse nuitLe papillon vole, tout autour de luiQuel sombre royaumeMais voici qu'un jaune rayonnement luit
Une fenêtre est entrouverteIl y pénètre tout éblouiCercle solaire, la lampe éclaireLe corps de Claire, belle endormieBattant des ailes sur l'abat jourIl se révèle joyeux tambourClaire se dresse épouvantéePar la caresse d'un vol heurté
Dans l'dortoir de trois papillons de nuitLe premier fait un rêve il voit son amiSoudain qui s'affole et se cogne aux mursPoursuivi par des coups durs
La lampe s'éteintRevient le matinQui brille aujourd'huiDans l'dortoir de deux papillons de nuit.

 

Paroliers : Aldo ROMANO / Claude NOUGARO Paroles de Papillons de nuit

© Les Editions Du Chiffre Neuf,

Music Sales Corporation


PARIS MAI ( FLOMELA )

Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai Paris
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cilLa Seine de nouveau ruisselle d'eau béniteLe vent a dispersé les cendres de BenditEt chacun est rentré chez son automobileJ'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitumeMon pas d'oiseau-forçat, enchaîné à sa plumeEt piochant l'évasion d'un rossignol titanCapable d'assurer le Sacre du Printemps
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai Paris
Ces temps-ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcreLe Sacre du Printemps sonne comme un massacreMais chaque jour qui vient embellira mon criIl se peut que je couve un Igor Stravinsky
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai Paris
Et je te prends Paris dans mes bras pleins de zèleSur ma poitrine je presse tes pierreriesJe dépose l'aurore sur tes TuileriesComme roses sur le lit d'une demoiselleJe survole à midi tes six millions de typesTa vie à ras le bol me file au ras des tripesJ'avale tes quartiers aux couleurs de pigeonIntelligence blanche et grise religion
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai Paris
Je repère en passant Hugo dans la SorbonneEt l'odeur d'eau-de-vie de la vieille bombonneAux lisières du soir, mi-manne, mi-mendiantJe plonge vers un pont où penche un étudiant
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMaiParis
Le jeune homme harassé déchirait ses cheveuxLe jeune homme hérissé arrachait sa chemise"Camarade, ma peau est-elle encore de mise""Et dedans mon cœur seul ne fait-il pas vieux jeu""Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble""Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble""Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa""Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas""Si je dois endosser cette guérite étroite""Avec sa manche gauche, avec sa manche droite""Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis""Sa passion du futur, sa chronique amnésie"
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMaiParis
C'est ainsi que parlait sans un mot ce jeune hommeEntre le fleuve ancien et le fleuve nouveauOù les hommes noyés nagent dans leurs autosC'est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune hommeEt moi l'oiseau-forçat, casseur d'amère croûteVers mon ciel du dedans j'ai replongé ma routeLe long tunnel grondant sur le dos de ses mursAspiré tout au bout par un goulot d'azurLà-bas brillent la paix, la rencontre des pôlesEt l'épée du printemps qui sacre notre épauleGazouillez les pinsons à soulever le jourEt nous autres grinçons, pont-levis de l'amour
Mai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai ParisMai, mai, mai, Paris maiMai, mai, mai Paris

Paroliers : Claude Nougaro / Eddy Louiss

 

PARLEZ AUX FEMMES

Je ne saurai jamais parler aux femmes
Quand il s'agit de leur faire la cour
Je ne trouve jamais les discours
Qui émeuvent leur chair et chavirent leur âme
Je ne saurai jamais parler aux femmes
Chaque mot que je dis tourne court
Et à l'ange qui passe j'ai envie de crier au secours
Vous savez, "Vous me plaisez beaucoup
Faites voir votre main, voulez-vous ?
Votre ligne de cœur est vraiment exceptionnelle"
Je ne peux pas sortir ces trucs-là
Et pourtant c'est comme ça
Il faut dire ces boniments avec elles

Mon copain Vivi sait parler aux femmes
Très gentiment il me donne des cours
Il devient Catherine ou Marianne
Je lui dis qu'il est belle mais le cœur n'y est pas
Je ne sais pas, je ne saurai jamais parler aux femmes
Mais les femmes sont émues par ce drame
Et parfois elles aiment consoler mon cœur lourd
Et je suis très heureux en amour

 

Musique : Hubert Giraud

Paroles : Claude Nougaro

PAUVRE NOUGARO

Pauvre NougaroPauvre NougaroMon destin a pris un nouveau visageLa nuit où j'ai pris ce nouveau virageJ'ai fermé les yeux sur un mur de pierreEt les ai rouverts sur une infirmièreOh, oh, oh, oh, il est en morceauxOh, oh, oh, oh, Pauvre NougaroJ'avais dans la bouche des travaux d'aiguilleEt un chien méchant dans mon jeu de quillesMais comme mon cÅâ ur émergeait du plâtrePour mon infirmière il s'est mis à battreOh, oh, oh, oh, il a le cÅâ ur grosOh, oh, oh, oh, Pauvre NougaroSous sa blouse blanche y avait des viragesSemblables à celui de mon dérapageMais quand je lui offrais mon cÅâ ur en pâtureElle me prenait la températureOh, oh, oh, oh, vaut mieux faire dodoOh, oh, oh, oh, Pauvre NougaroEt pendant ce temps les plages étaient blondesMes amis chantaient sur les grandes ondesJe rechanterai, je reverrai les fillesElles me font marcher mieux que des béquillesElles me font courir au triple galopOh, oh, oh, oh, sacré Nougaro

 

Paroliers : Claude Nougaro / Michel Legrand

/Hubert Giraud


PERLE BRUNE

La mer lampe toutes ses gouttesDans l'unitéLes femmes tu les manges toutesToi d'existerJe te rends grâce perle bruneDe les avoirToutes réduites à rien qu'uneQuand moi te voirOn dit la femme, or cette femmeComme la merSeule en son nom dans le programmeQui coûte cherSeule comme Dieu que composeLe bal des DieuxC'est toi mauve plutôt que roseEt noire d'yeuxToi des épouses du prophète,Roi du troupeauLa multitude enfin parfaiteDans une peau.Toi la perle où dort la coquillePleine de selToi la Soeur plutôt que la filleDe l'EternelDe l'Eternel.

 

Paroliers : Claude Nougaro / Jacques Audiberti

/ Maurice Vander

PETIT HOMME C'EST L'HEUR' DE FAIR' DODO

Petit homme, tu pleuresJe connais ton chagrinQuelqu'un t'a cassé ta belle autoVa, faut pas t'en fairePetit homme, c'est l'heure de faire dodo
Ton ami Jean-PierreA gagné tes billesPapa t'en rachètera bientôtNon, faut pas t'en fairePetit homme, c'est l'heure de faire dodo
Tu as joué aux soldatsTu as gagné la batailleL'ennemi est déciméAssez de mitrailleRange ton canonCe soir la guerre est terminée
La journée s'achèvePlus de stratégieC'est l'heure où l'on couche les hérosL'heure des beaux rêvesPetit homme, c'est l'heure de faire dodo
Petit homme, c'est l'heure de faire dodoDodo, dodo, do

 

Paroliers : Al Hoffman / Mabel Wayne / Maurice Sigler / Louis Jules Houzeau /

Paul Louis A. Ganne Paroles de Petit homme,

c'est l'heur' de fair' dodo © T.b. Harms Co.

PETIT TAUREAU

Je suis un petit taureauMais moi c'est pas pareilJe suis un petit taureau,Mais moi, en plein soleilJ'entrerai dans la reineDans la reine des abeilles
Je suis sans doute un animalDoué de pouvoirs anormauxJe peux échapper au malEn jouant avec les mots
Je ne serai plus taureauTonneau de sang vermeilJe n'aurai plus au garrotCe collier de groseillesJ'entrerai dans la reineDans la reine des abeilles
À partir de nos épousaillesLa morale va basculerLa reine va crier aïeEt moi je dirai olé
Je la matadoreraiAvec mon appareilUn bourdonnement doréEmplira vos oreillesQuand j'entrerai dans la reineDans la reine des abeilles
Et si la reine tue ses amantsComme l'arène tue ses taureauxJe crèverai vaillammentAvec du miel aux naseauxOn se souviendra de mon sortPeut etre, deviendrai je un mytheJ'ai revé d'un taureau mortSous une pluie de marguerites

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Maurice VANDER Paroles de Petit Taureau

© Les Editions Du Chiffre Neuf,

Music Sales Corporation

PLUME D'ANGE

Vous voyez cette plume ?Eh bien, c'est une plume...d'ange.Mais rassurez vous, je ne vous demande pas de me croire, je ne vous le demande plus.Pourtant, écoutez encore une fois, une dernière fois, mon histoire.

Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l'air.J'ouvre les yeux, que vois-je ?Dans l'obscurité de la chambre, des myriades d'étincelles...Elles s'en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques, un point situé devant mon lit.Rapidement, de l'accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait.Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grandes ailes de lait.Comme une flèche d'un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit :

" C'est une plume d'ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi.Qu'un seul humain te croie et ce monde malheureux s'ouvrira au monde de la joie.Qu'un seul humain te croie avec ta plume d'ange.Adieu et souviens toi : la foi est plus belle que Dieu. "

Et l'ange disparut laissant la plume entre mes doigts.Dans le noir, je restai longtemps, illuminé, grelottant d'extase, lissant la plume, la respirant.En ce temps là, je vivais pour les seins somptueux d'une passion néfaste.J'allume, je la réveille :" Mon amour, mon amour, regarde cette plume...C'est une plume d'ange! Oui ! un ange était là... Il vient de me la donner...Oh ma chérie, tu me sais incapable de mensonge, de plaisanterie scabreuse... Mon amour, mon amour, il faut que tu me croies, et tu vas voir... le monde ! "La belle, le visage obscurci de cheveux, d'araignées de sommeil, me répondit:" Fous moi la paix... Je voudrais dormir...Et cesse de fumer ton satané Népal ! "Elle me tourne le dos et merde !

Au petit matin, parmi les nègres des poubelles et les premiers pigeons, je filai chez mon ami le plus sûr.Je montrai ma plume à l'Afrique, aux poubelles, et bien sûr, aux pigeons qui me firent des roues, des roucoulements de considération admirative.Je sonne.Voici mon ami André.Posément, avec précision, je vidai mon sac biblique, mon oreiller céleste :" Tu m'entends bien, André, qu'on me prenne au sérieux et l'humanité tout entière s'arrache de son orbite de malédiction guerroyante et funeste. À dégager ! Finies la souffrance, la sottise. La joie, la lumière débarquent ! "André se massait pensivement la tempe, il me fit un sourire ému, m'entraîna dans la cuisine et devant un café, m'expliqua que moi, sensible, moi, enclin au mysticisme sauvage, moi devais reconsidérer cette apparition.Le repos... L'air de la campagne... Avec les oiseaux précisément, les vrais !

Je me retrouvai dans la rue grondante, tenaillant la plume dans ma poche.Que dire ? Que faire ?" Monsieur l'agent, regardez, c'est une plume d'ange."Il me croit !Aussitôt les tonitruants troupeaux de bagnoles déjà hargneuses s'aplatissent. Des hommes radieux en sortent, auréolés de leurs volants et s'embrassent en sanglotant.Soyons sérieux !Je marchais, je marchais, dévorant les visages. Celui ci ? La petite dame ?Et soudain l'idée m'envahit, évidente, éclatante... Abandonnons les hommes ! Adressons-nous aux enfants ! Eux seuls savent que la foi est plus belle que Dieu.Les enfants...Oui, mais lequel ?Je marchais toujours, je marchais encore. Je ne regardais plus la gueule des passants hagards, mais, en moi, des guirlandes de visages d'enfants, mes chéris, mes féeriques, mes crédules me souriaient.Je marchais, je volais... Le vent de mes pas feuilletait Paris...Pages de pierres, de bitume, de pavés maintenant.Ceux de la rue Saint-Vincent... Les escaliers de Montmartre. Je monte, je descends et me fige devant une école, rue du Mont-Cenis.Quelques femmes attendaient la sortie des gosses. Faussement paternel, j'attends, moi aussi.Les voilà.Ils débouchent de la maternelle par fraîches bouffées, par bouillonnements bariolés. Mon regard papillonne de frimousses en minois, quêtant une révélation.Sur le seuil de l'école, une petite fille s'est arrêtée. Dans la vive lumière d'avril, elle cligne ses petits yeux de jais, un peu bridés, un peu chinois et se les frotte vigoureusement.Puis elle reprend son cartable orange, tout rebondi de mathématiques modernes.Alors j'ai suivi la boule brune et bouclée de sa tête, gravissant derrière elle les escaliers de la Butte.À quelque cent mètres elle pénétra dans un immeuble.Longtemps, je suis resté là, me caressant les dents avec le bec de ma plume.Le lendemain je revins à la sortie de l'école et le surlendemain et les jours qui suivirent.Elle s'appelait Fanny. Mais je ne me décidais pas à l'aborder. Et si je lui faisais peur avec ma bouche sèche, ma sueur sacrée, ma pâleur mortelle, vitale ?Alors, qu'est-ce que je fais ? Je me tue ? Je l'avale, ma plume ? Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste ?Et puis un jeudi, je me suis dit : je lui dis.Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque.J'ai précipité mon pas, j'ai tendu ma main vers la tête frisée... Au moment où j'allais l'atteindre, sur ma propre épaule, une pesante main s'est abattue.Je me retourne, ils étaient deux, ils empestaient le barreau" Suivez nous ".

Le commissariat.Vous connaissez les commissariats ?Les flics qui tapent le carton dans de la gauloise, du sandwich...Une couche de tabac, une couche de passage à tabac.Le commissaire était bon enfant, il ne roulait pas les mécaniques, il roulait les r :" Asseyez vous. Il me semble déjà vous avoir vu quelque part, vous.Alors comme ça, on suit les petites filles ?Quitte à passer pour un détraqué, je vais vous expliquer, monsieur, la véritable raison qui m'a fait m'approcher de cette enfant.Je sors ma plume et j'y vais de mon couplet nocturne et miraculeux.- Fanny, j'en suis certain, m'aurait cru. Les assassins, les polices, notre séculaire tennis de coups durs, tout ça, c'était fini, envolé !Voyons l'objet, me dit le commissaire.D'entre mes doigts tremblants il saisit la plume sainte et la fait techniquement rouler devant un sourcil bonhomme.- C'est de l'oie, ça... me dit il, je m'y connais, je suis du PérigordMonsieur, ce n'est pas de l'oie, c'est de l'ange, vous dis je !Calmez vous ! Calmez vous ! Mais vous avouerez tout de même qu'une telle affirmation exige d'être appuyée par un minimum d'enquête, à défaut de preuve.Vous allez patienter un instant. On va s'occuper de vous. Gentiment, hein ? gentiment. "

On s'est occupé de moi, gentiment.Entre deux électrochocs, je me balade dans le parc de la clinique psychiatrique où l'on m'héberge depuis un mois.Parmi les divers siphonnés qui s'ébattent ou s'abattent sur les aimables gazons, il est un être qui me fascine. C'est un vieil homme, très beau, il se tient toujours immobile dans une allée du parc devant un cèdre du Liban. Parfois, il étend lentement les bras et semble psalmodier un texte secret, sacré.J'ai fini par m'approcher de lui, par lui adresser la parole.Aujourd'hui, nous sommes amis. C'est un type surprenant, un savant, un poète.Vous dire qu'il sait tout, a tout appris, senti, perçu, percé, c'est peu dire.De sa barbe massive, un peu verte, aux poils épais et tordus, le verbe sort, calme et fruité, abreuvant un récit où toutes les mystiques, les métaphysiques, les philosophies s'unissent, se rassemblent pour se ressembler dans le puits étoilé de sa mémoire.Dans ce puits de jouvence intellectuelle, sot, je descends, seau débordant de l'eau fraîche et limpide de l'intelligence alliée à l'amour, je remonte.Parfois il me contemple en souriant. Des plis de sa robe de bure, il sort des noix, de grosses noix qu'il brise d'un seul coup dans sa paume, crac ! pour me les offrir.

Un jour où il me parle d'ornithologie comparée entre Olivier Messiaen et Charlie Parker, je ne l'écoute plus.Un grand silence se fait en moi.Mais cet homme dont l'ange t'a parlé, cet homme introuvable qui peut croire à ta plume, eh bien, oui, c'est lui, il est là, devant toi !Sans hésiter, je sors la plume.Les yeux mordorés lancent une étincelle.Il examine la plume avec une acuité qui me fait frémir de la tête aux pieds." Quel magnifique spécimen de plume d'ange vous avez là, mon ami.Alors vous me croyez ? vous le savez !Bien sûr, je vous crois. Le tuyau légèrement cannelé, la nacrure des barbes, on ne peut s'y méprendre.Je puis même ajouter qu'il s'agit d'une penne d'Angelus Maliciosus.Mais alors ! Puisqu'il est dit qu'un homme me croyant, le monde est sauvé...Je vous arrête, ami. Je ne suis pas un homme.Vous n'êtes pas un homme ?Nullement, je suis un noyer.Vous vous êtes noyé ?Non. Je suis un noyer. L'arbre. Je suis un arbre. "

Il y eut un frisson de l'air.Se détachant de la cime du grand cèdre, un oiseau est venu se poser sur l'épaule du vieillard et je crus reconnaître, miniaturisé, l'ange malicieux qui m'avait visité.Tous les trois, l'oiseau, le vieil homme et moi, nous avons ri, nous avons ri longtemps, longtemps...Le fou rire, quoi !

 

 

Paroliers : Claude Nougaro / Jean-Claude Michel Vannier Paroles de Plume d’ange

© Les Editions Du Chiffre Neuf, Peermusic Publishing


POMMIER DE PARADIS

Il pousse à l'enversFleurit en hiverLe pommier aux quatre pommesS'enracine au cielEt mûrit au gelSa pomme à Noël la donne
La donne à un enfantQui marche avec son pèreLe père est tout petitEt l'enfant très très grandAlors mangeant la pommeQue lui tend son enfantPapa grandit, granditJusqu'au sommet des branchesJusqu'au bout de l'étoileOù la nuit attend l'hommePommier de paradisSapin qui fait des pommes
Il pousse à l'enversFleurit en hiverLe pommier aux quatre pommesS'enracine au cielEt mûrit au gelSa pomme à Noël la donneLa donneLa donne

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Les Editions Du Chiffre Neuf / Maurice VANDER Paroles de Pommier de paradis © Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation

POUET-POUET

Dans les bagnol's aujourd'hui
C'est la poule qui conduit
L'monsieur roul'des yeux d'veau
Pendant qu'ell'pilot' sa cinq ch'vaux
Il a l'air embêté,
Assis à ses côtés
Et quand ell'serr' les freins
Il serr'autr'chose sans entrain
Il lui faut du courage
Lorsqu'ell' prend ses virages
Quand moi, j'en vois
A un croisement du bois
Qui fonc' sur moi viv'ment, je n'l'engueul' pas
Mais galamment:
Je lui fais "Pouet-Pouet"! Elle me fait "Pouet-Pouet"!

On se fait "Pouet-Pouet" et puis ça y est.
Je souris "Pouet-Pouet"! Elle sourit "Pouet-Pouet"!
On sourit "Pouet-Pouet"! On s'est compris.
Alors le monsieur qui l' voit fait un' sal' trompette
Y en a même quelquefois plus d'un qui rouspète
Je lui fais "Pouet-Pouet"! Ell' me fait "Pouet-Pouet"!
Jadis on s' faisait la cour
Avant d' parler d'amour
Ça durait trop longtemps
Rien qu' sur la pluie et le beau temps
Ce n'est que le lend' main
Qu'on se baisait la main
Et quinze jours après
Qu'on s'embrassait d'un peu plus près

Moi,quand un' femme m'excite
J'y vais beaucoup plus vite
Mon r' gard sans r' tard
Lui flanque un coup d' poignard
Je lis au fond d' ses yeux
J'en dis pas plus ça vaut mieux.
Je lui fais "Pouet-Pouet"! ell' me fait "Pouet-Pouet"!
On se fait "Pouet-Pouet"! et puis ça y est !
Je souris "Pouet-Pouet"! elle sourit "Pouet-Pouet"!
On sourit "Pouet-Pouet"! on s'est compris !
Et quand j'lui ai bien chanté ma petit' romance
Ell' dit d'un air enchanté j' voudrais qu' tu r' commences
Je lui r' fais "Pouet-Pouet"! ell' me r' fait "Pouet-Pouet"!

On se r' fait "Pouet-Pouet"! et puis ça y est !

 

Musique : Maurice Yvain

Texte : André Barde

PRISONNIER DES NUAGES

Je suis prisonnier des nuagesVous me direz : " Comment ça s'fait ? "Je suis prisonnier des nuagesDe fuméeRenaître enfant, c'est de mon âgeDéjà tout minot, tout moufletJ'étais toujours dans les nuagesEnfermé
Il est vrai que parfois je tousseTrop de volutes, trop de boufféesJe drague dur la drogue douceÀ travers ses grilles brillent des mains de fée
Je suis prisonnier des nuagesJ'y cherche les clés de mon artPeut-on rêver plus belle cageQu'un Django Reinhardt
Vîtes-vous forçat plus volageAiles d'oiseau plus enchaînéesAdmiratrice de miragesMon âme s'évade aux bras des nuées
Renaître enfant c'est de mon âgeDans ma roulotte ensorceléeJe roule un vaporeux voyagePrisonnier des nuages de fumée

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Maurice VANDER Paroles de Prisonnier des nuages

© Les Editions Du Chiffre Neuf,

Music Sales Corporation


PROF DE LETTRES

Je m'appelle Christian Laborde prof de lettresJ'exerce mon métier près de LannemezanAmoureux de ma femme Marie-Christine l'êtreQui fit de moi un enfant
Ainsi chaque matin je reviens à l'écoleJ'adore m'étudier devant les étudiantsÀ ce public de roc il faut une paroleQui roule et bouge en dedans
Silence au fond on peut s'asseoirOuvrez vos yeux tendez l'oreilleJe vous promets mots et merveillesLa saveur salée du savoir
Cherchez l'idée au coeur des motsAu port des sons jetez votre ancreEt n'oubliez chers petits cancresLe vrai n'est rien s'il n'est le beauLe vrai n'est rien s'il n'est le beau
Je m'appelle Christian Laborde prof de lettresMon rêve ce serait une baraque à PauLes Pyrénées pélerinant dans ma fenêtreDiadème de cimes virginal troupeau
Toutes ces tours d'ivoire me verraient apparaîtreAvec ma gueule d'encre et mes yeux de rayonsEt j'improviserais devant le Temps mon maîtreUn cours de longue haleine du haut de mon balcon
L'on se tait va t on se taire se tait-onIl serait temps d'aller en boîteOn va se mettre Kenneth WhiteSur la sono de l'émotion
C'est un trappeur de sortilègesUn chasseur de peaux de visionsL'horizon est son diapasonIl n'écrit que sur de la neigeIl n'écrit que sur de la neige
Eh oui c'est moi Laborde prof de lettres françaisesEt d'occitan aussi à la récréationJe m'en vais acheter une glace à la fraisePour ma fille Élisabeth perle de la création
Au volant de ma tire attachez vos ceinturesJe fonce dans le chou de la pâtisserieNe vous inquiétez pas mes réflexes sont sûrsJe manie le ping-pong de ma langue pardi
Je manie le ping-pong de ma langue pardiJe manie le ping-pong de ma langue pardiSe tait-on

 

Paroliers : Claude Nougaro / Bernard Lubat / Christian Laborde

PROMETHEE

C'était il y a des lustres il y a belle luretteLes dieux étaient aigris morgueux et trouble fêteAux hommes médusés ils avaient déclaréDe feu serez privés car vous nous déplaisezEt sous notre œil glacé vous pouvez vous les g'ler
C'était il y a des lustres il y a belle luretteLes hommes étaient tremblants des pieds jusqu'à la têteC'est alors qu'apparut un grand gars rigoloQui leur dit : "Mes amis, ravalez vos sanglotsJe m'appelle Prométhée, je sais où est le feuJ'irai vous le voler mais en guise d'adieu
Prométhée moi d'en faire bon usageProméthée, Prométhée le moi"
Et c'est depuis ces lustres depuis cette luretteQue chaque soir au dîner un grand aigle rouspète :"Du foie, toujours du foie j'en ai jusqu'au gésier !"De leur côté les hommes se sont réchauffésQuand furent rassasiés se mirent à réfléchir"Le feu maintenant qu'on l'a, va falloir le nourrir"
Prométhée moi d'en faire bon usageProméthée, Prométhée le moi
Et voilà bien des lustres voilà belle luretteQue les hommes embrasés consument la planèteIls ont brûlé les livres, les forêts, les sorcièresMis l'huile sur le feu, le feu à la tanièreFeux de paille, feux de joie, de Saint Jean, d'artificeÀ coups de lance flammes Rome et Persepolis
Prométhée moi d'en faire bon usageProméthée, Prométhée le moi
Il n'y a plus de lustres, il n'y a plus de luretteSur la terre calcinée se termine la fêteFaute de combustible et le froid l'envahitEt le soleil lui même lentement s'obscurcitSur mon baril de poudre me reste une allumette
Je vous promets d'en faire bon usageProméthée je vous le promets !

 

Paroliers : Claude NOUGARO / Jean-Pierre BOURDEAUX Paroles de Prométhée

© Les Editions Du Chiffre Neuf, Music Sales Corporation