Textes des chansons de Claude ( lettre A ) 17 titres

A BOUT DE SOUFFLE

Année :  1965 - Album : Super 45 t et album Bidonville

Adaptation de : Blue Rondo a la Turk

de : Dave Brubeck

Quand j'ai rouvert les yeuxTout était sombre dans la chambreJ'entendais quelque part comme une sonnerieJ'ai voulu bouger...Aïe la douleur dans l'épaule droite tout à coupMe coupa le souffleUne peur affreuse m'envahitEt mon corps se couvrit de sueurToute ma mémoire me revintLe hold-up, la fuite, les copainsQui se font descendre...J'suis blessé, mais je fonce et j'ai l'fricJe glissai la main sous l'oreillerLa mallette pleine de billetsEtait là, bien sage... deux cents briques!...Somme toute ça pouvait allerMon esprit se mit à cavalerSûre était ma planque chez SuzyEt bientôt à nous deux la belle vieLes palaces, le soleil, la mer bleue, toute la vie...Une radio s'est mise à déverserUn air de piano à tout casserJe connaissais ce trucC'était le Blue Rondo à la TurkDave Brubeck jouait comme un fouAussi vite que moi mettant les boutsSoudain, la sonnerie du téléphoneMon cur fit un bondJe pris le récepteur"Allô!, c'est Suzy, ça fait deux fois que j'appelle- Qu'est-ce qu'il y a?- Y a un car de flics au coin de la rueJe restai sans voix, j'étais foutu- Il faut que tu files, me dit-elleDescends pas, sauve-toi par les toits"Bon Dieu d'bon Dieu, bon Dieu d'bon DieuEncore les flics, vite le fricEt puis l'escalier de serviceQuatre à quatreUn vasistas était ouvert sur les étoilesEt me revoilà faisant la malleParmi les antennes de téléCe pognon, je ne l'aurai pas voléTrente mètres plus bas dans la rueDu Colisée c'était la cohueJ'en peux plus, j'en peux plus...J'ai couru comme dans un rêve le long des cheminéesHaletant, la mallette à la main, je vacillais...Sur un toit s'amorçait un escalier d'incendieS'enfonçant tout au fond d'une courJe descendis jusqu'en basEt me voici à trois pas d'une sortie sur la rueQuelle rue, je ne le savais plus mais tant pisJe suis sorti et tout de suite je les ai vusQuatre flics au bout de la ruePas de panique, j'ai reconnu le bar du Living, j'y suis entré...

La boîte était pleine comme un ufDeux ou trois jazzmen faisaient le bufJe brûlais de fièvre, je voyaisLes murs, les bouteilles qui tournaientPuis quelqu'un m'a saisi par le brasJ'me retournai, Suzy était làToute pâle elle me souriaitDe nouveau le soleil a brilléDans un souffle elle me dit- Viens, j'ai la voiture tout près d'iciNous sommes sortis mais devant moiUn poulet a crié "Ne bouge pas!"Avec la mallette je l'ai frappéAlors le coup de feu a claquéMe clouant sur placeOh Suzy, t'en fais pasJe te suis, on y vaLes palaces, le soleil, la mer bleueToute la vie, toute la vieToute la vie...

 

Paroles : Claude Nougaro

Musique Dave Brubeck

À COEUR PERDU

Année :  1993 - Album : Chansongs

Alors, mon cœurTu m'dis plus bonjourToi, le vainqueurToi, le muscle de l'amourDis, pourquoi tu restes dans ton coin?Dis, pourquoi t'es fermé comme un poing?À triple tourPourquoi, disTu fais le sourd?

Alors, mon cœurTu tires le linceulDans la torpeurGlacé, tu me laisses seulDis, t'ai-je fait tellement de mal?Dis, que fatigué, tu aies fait la malle?Sans retourCrevé comme un vieux tambour

Tu t'souviens plusDes merveilleux matinsTu t'sens fourbuVieux drummer pulsant l'tempo du sang humainJoue encore un nouveau chorusRessors-moi ton archetMon beau StradivariusFrappe ton sabotMon cœur, ô

Fais-moi l'amourJe n'suis bon qu'à çaCogne comme un sourdPour me réveiller la joieDis, à quoi tu sers dans cette cage?Dis, sois fou d'amour, sois fou de rageMais parle-moiTout nuÀ cœur perdu

 

Paroles : Claude Nougaro

Musique : Jean Mora

AH ! SI VOUS CONNAISSIEZ MA POULE

Année : 1974 -Album : Récréation (reprise)

De Rochechouart jusqu'à MénilmucheD'la rue d'Lappe à la rue d'la GaitéY a pas un' môm' dans tout PantrucheQui avec la mienn' pourrait lutterDe la tête aux pieds quand on l'éplucheOn ne trouv' rien à lui reprocherC'est un oiseau rar'Que Roi des veinardsJ'ai eu le bonheur de dénicher:Ah! si vous connaissiez ma poule,Vous en perdriez tous la boule.Ses p'tits seins perversQui pointent au traversDe son pull-overVous mettent la tête à l'envers!Elle a des jambes faites au mouleDes cheveux fous, frisés partoutEt tout et tout...Si vous la voyiez,Vous en rêveriez!Ah! si vous connaissiez ma poule.Bien qu'elle s'habille aux prix uniquePas un' ne saurait la dégotterEll' dame le pion, ell' fait la niqueAux plus fameus's reines de beautéLa miss France et la miss AmériqueSont de la crott' de bique à côtéSans diam' et sans clipsElle vous éclips',Toutes les stars les plus réputées:Ah si vous connaissiez ma poule,Vous en perdriez tous la bpoule.Marlène et DarrieuxN'arrivent qu'en deuxLa Greta GarboPeut mêm' retirer son chapeau!Ils n'en ont pas à LiverpooleA New York, à Honolulu,De mieux foutu...Si vous la voyiezVous en rêveriez!Ah! si vous connaissiez ma poule.Marguerit' de Bourgogne auprès d'elleN'avait que nib comm' tempéramentIl faut l'entendre quand elle appelleSon petit Momo au grand momentSon corps frissonn' d'une façon telleQue la maison tremble égalementEt ça vous expliqu'Les secouss's sismiqu'sDont les journaux parlaient récemment:Ah! si vous connaissiez ma poule,Vous en perdriez tous la boule.Ses baisers moelleuxFont dresser les ch'veuxSes baisers profondsVous font sauter jusqu'au plafond!Si vous saviez comme elle roucouleOn l'entend jusqu'au fond d'PassyCrier... chéri!Si vous la voyiezVous m'la chiperiez!Mais... vous n'connaitrez pas ma poule.

 

Paroles: Albert Willemetz / René Toche

Musique : Charles Borel Clerc 


À LA MODE

Année :  1963 - Album : Super 45 tours

Toi, tu savais t'habillerA la mode de l'amourA la mode de toujoursOh, oh, toi, tu m'en as fait baverMais il faut dire entre nousQue tu avais du goûtTu portais au printemps des yeux mi-biche, mi-braiseEt la bouche assortie mi-boudeuse, mi-fraiseEt tu portais aussi ce corps de femme-enfantQui dit: "Je te permets" en disant: "Je te l'défends"En été tu portais une peau pain d'épiceAvec une vague bleue drapée autour des cuissesEt la nuit tu gardais le soleil de midiDans tes cheveux dorés ça éclairait mon litUn beau soir t'as sorti ta collection d'automneDe longs regards mouillés et des bras qui frissonnentMais la ligne de ton cœur s'est aussi transforméeMi-lueur feu de bois mi-s'envole en fuméeEn hiver tu m'as dit: "Je n'ai plus rien à mettre"A ces mots j'ai compris que t'allais disparaîtreEt la veille de Noël te serrant contre moiLa neige de ton corps a fondu dans mes doigtsToi, tu savais t'habillerA la mode de l'amourA la mode de toujoursEt moiJe me suis rhabilléA la mode de toujoursQuand se termine l'amour

 

Paroles : Claude Nougaro

Musique : ???

ALLER LES VERTS

Année : 1997 - Album : L'enfant phare

La tribune a brûléPlus d'ballon d'oxygèneL'hooligan est passéBombes lacrymogènesLe footballA des effets perversManque de bolAllez allez les Verts

La guerre a éclatéLa furie se déchaîneCes salauds d'à côtéSont vraiment sans gêneQu'ils périssentAvec les tripes à l'airQu'ils pourrissentAllez allez les vers

CélébronsLes héros de l'enferEt trinquonsAllez allez les verres

Le papier est froisséLe poète est exangueSa muse est fracasséeA perdu sa langueEt pourtantContre tout et enversIl écritAllez allez les vers

Le footballA des effets perversManque de bolAllez allez les verts

 

Paroles : Claude Nougaro

Musique : Aldo Romano

AMI CHEMIN

Année : 1983 - Album : Ami chemin

Bel ami, quelle bonheur de te voir devant moiQuelle joie, bel ami, te voilàJustement ces jours-ci je ne pensais qu'à toiLaisse-moi te serrer dans mes bras

Que de fois sur mes routes quand il faisait froidQuand le doute et la peur m'étreignaientJ'ai senti ta présence et le son de ta voixMe redire encore que tu m'aimais

Ami, quelles que soient nos viesDans les lignes de nos mainsEt l'étoile qui nous lie à nos destinsAmi, je viens de la nuitTu arrives du matinEt nous voici réunis à mi chemin

Oh! Ah-ah, oh ben

On a tous dans le cœur le désir de trouverUn écho, un semblable, l'âme sœur,Un sourire, une phrase, une complicitéUne rencontre venue d'ailleurs

J'étais mal dans ma tête et je me détestaisD'être gris, malheureux et soudainAvec toi, bel ami, la lumière est entréeMe voici redevenu jardin

Ami, quelles que soient nos viesDans les lignes de nos mainsEt l'étoile qui nous lie à nos destinsAmi, je viens de la nuitTu arrives du matinEt nous voici réunis à mi chemin

Eh! Oh-ohHo!

Pas besoin de refaire le monde, il est faitIl est fait par chacun d'entre nousNous serons des enfants dans un conte de féesQue nous raconteront nos nounous

Ami, quelles que soient nos viesDans les lignes de nos mainsEt l'étoile qui nous lie à nos destins

Ami, je viens de la nuitTu arrives du matinEt nous voici réunis à mi cheminAmi, quelles que soient nos viesDans les lignes de nos mainsEt l'étoile qui nous lie à nos destinsAmi, je viens de la nuitTu arrives du matinEt nous voici réunis à mi chemin

 

Paroles : Claude Nougaro

Musique : Anyzette Orhon


À Musset

Les plus désesPérés sont les chantsLes plus beaux les plusDésespérés sontLes chants les plusBeaux les plus désesPérés sont les chantsLes plus beaux lesPlus désespérésSont les chants les plusBeaux les plus désesPérés sont lesChants les plus beaux lesPlus désespérésSont les chants lesPlus beaux les plus déSespérés sont les chantsLes plus beaux les plusDésespérés sont lesChants les plus beaux les plusDésespérés sont les chantsLes plus beaux les plusDésespérés sont les chants les plus beauxLes plus désespérésSont les chants les plus beauxLes plus désesPérés sont les chantsLes plus beaux les plusDésespérésSont les chants les plus beauxLes plus désespérésSont les chants les plusBeauxLes plus désesPérés sont les chantsLes plus beaux les plusDésespérés sontLes chants les plus beaux

Anna

Ça fait cent vingt joursQue je tourne autourD'une nuit d'amour avec Anna

Ça fait cent vingt moisQu'elle veut pas de moiElle me trouve ternePas assez fort en thème

Je trouve pas le thèmeQui fasse mouiller AnnaÀ chacun de mes poèmesAnna, Anna, anathèmeJe trouve pas le théorèmeAu tableau noir d'AnnaJe suis un cancre, lasLas, un cancre

Las, las, las, las, lasOh que je suis lasEh oui, j'en suis là avec AnnaPourtant je la suisComme le cooliePortant les colisDe la mélancolie

Mais je vais trouver le thèmeQui arrosera AnnaSon regard de sirèneVa se pencher sur mon casElle comprendra, ma reineQue sa couronne c'est moiHip-hip-hip, hourraHip-hip-hip, hourraHip-hip-hip, eurékaHosa, Hosa, Hosannah

Elle comprendra, ma reineL'étendue du talentMais en attendant

Ça fait cent vingt joursQue je tourne autourD'une nuit d'amour avec Anna

Ça fait cent vingt moisQu'elle veut pas de moiElle me trouve ternePas assez fort en thème

Beau gars, ehAnnaAnnaJe trouve pas le thèmeQui fait mouiller AnnaÀ chacun de mes poèmesAnna, Anna, anathèmeThème!

Armé d'amour

Un jour, un jour c'est sûrReviendra le jour purL'immense jour d'avant le TempsLe couple moribondSe lèvera d'un bondArmé d'amour jusqu'aux dents

Mon bras c'est ton collieEt tes doigts sont mes baguesTu es ma parure, je suis ton joyauMes orteils de soleil marchent sur tes vaguesTu es ma pâture jusqu'au fond du boyauTu m'éclates de paix, je t'éclaire de riresEn dansant devant toi la nuit de WalpurgisPuis je bois dans ton cou comme font les vampiresMélangeant savamment nos vices à nos lis

Un jour, un jour c'est sûrReviendra le jour purL'immense jour d'avant le TempsAlors la femme et l'hommeRetrouveront la pommeSans la morsure dedans

Je me courbe vers toi ma tremblante statueLe miel de mille ciels ruisselle de tes cilsQu'une ombre te traverse aussitôt je la tueQue mon chant soit bloqué tu en dénoues le filCalmement tu t'endors quand je pars pour mes guerresLe casque de mon front pour tout arsenalJe pars saigner de l'eau sous le feu des mystèresUne étoile de mer me fera général

Un jour, un jour, c'est sûrReviendra le jour purL'immense jour d'avant le TempsEt l'on verra l'enfantQue plus rien ne défendÊtre bercé par Satan

Cet enfant surgira d'un silence de perleDe nos vies échangées dans un éclair d'azurEt le noir aujourd'hui et l'effroi qui déferleS'enfuiront à jamais poursuivis par les mursLes murs d'une maison qui se nomme le mondeOuverte à tous les vents fredonnant des oiseauxIl renaîtra de nousMa brune à l'âme blondeEt la mort plus jamais ne fera de vieux os

Un jour, un jour, c'est sûrReviendra le jour purL'immense jour d'avant le TempsLe couple moribondSe lèvera d'un bondArmé d'amour jusqu'aux dents


ANNIE COUCHE-TOI LA

1967 Album: Super 45t et album Le petit taureau

Annie, couche toi là,
Couche toi sur mon cœur,
Couche toi là plutôt qu'ailleurs...
Annie, couche toi là
Couche toi près de moi plutôt que sous les autres,
Annie
On parlera dans l'ombre,
Étendus côte à côte
Si tu veux, on dira rien
Et notre nuit peut être
Deviendra aussi claire que le premier jour du monde
Annie je connais un pays lointain

Où l'on doit s'aimer dans l'espace
Les amoureux sont face à face
Sans même se donner la main
Annie ils ne font que se regarder
Mais à travers leurs yeux braqués
L'air s'électrise de mille guitares
Et des enfants sont nés
D'un simple regard
Annie, couche toi là
Couche toi sur mon cœur
Couche toi là plutôt qu'ailleurs
Et notre nuit peut être
Deviendra aussi claire que le premier jour du monde
Annie

 

Paroles:  Claude Nougaro

Musique: Maurice Vander

ARMSTRONG

Adaptation de (Go Down Moses) 

1966 Album : Bidonville

Armstrong, je ne suis pas noirJe suis blanc de peauQuand on veut chanter l'espoirQuel manque de potOui, j'ai beau voir le ciel, l'oiseauRien, rien, rien ne luit là-hautLes anges zéroJe suis blanc de peauArmstrong, tu te fends la poireOn voit toutes tes dentsMoi, je broie plutôt du noirDu noir en dedansChante pour moi, louis, oh ouiChante, chante, chante, ça tient chaudJ'ai froid, oh moiQui suis blanc de peauArmstrong, la vie, quelle histoire?

C'est pas très marrantQu'on l'écrive blanc sur noirOu bien noir sur blancOn voit surtout du rouge, du rougeSang, sang, sans trêve ni reposQu'on soit, ma foiNoir ou blanc de peauArmstrong, un jour, tôt ou tardOn n'est que des osEst-ce que les tiens seront noirs?

Ce serait rigoloAllez louis, alléluiaAu-delà de nos oripeauxNoir et blanc sont ressemblantsComme deux gouttes d'eauArmstrong, je ne suis pas noirJe suis blanc de peauQuand on veut chanter l'espoirQuel manque de potOui, j'ai beau voir le ciel, l'oiseauRien, rien, rien ne luit là-hautLes anges... zéroJe suis blanc de peauArmstrong, tu te fends la poireOn voit toutes tes dentsMoi, je broie plutôt du noirDu noir en dedans

Chante pour moi, louis, oh ouiChante, chante, chante, ça tient chaudJ'ai froid, oh moiQui suis blanc de peauArmstrong, la vie, quelle histoire?C'est pas très marrantQu'on l'écrive blanc sur noirOu bien noir sur blancOn voit surtout du rouge, du rougeSang, sang, sans trêve ni reposQu'on soit, ma foiNoir ou blanc de peauArmstrong, un jour, tôt ou tardOn n'est que des osEst-ce que les tiens seront noirs?Ce serait rigoloAllez louis, alléluiaAu-delà de nos oripeauxNoir et blanc sont ressemblantsComme deux gouttes d'eau

 

Paroles: Adaptation Claude Nougaro

Musique: Traditionnel

Art mineur

Je pratique l'art mineurQu'a illustré le beau SergePuisse-t-il sur l'autre bergeS'enivrer d'alcools meilleurs?

Est-ce bien sérieux d'ailleursPassé les soixante bergesDe pratiquer l'art mineurQu'a illustré le beau Serge?

Pourquoi suis-jeEt à quoi sers-je?Dans la mine où je m'immergeCharbon rouge de mon cœurUn projecteur sur le front

Comme au casque du mineurArtiste mineur de fond


Assez !

Il serait temps que l'homme s'aimeDepuis qu'il sème son malheurIl serait temps que l'homme s'aimeIl serait temps, il serait l'heureIl serait temps que l'homme meureAvec un matin dans le cœurIl serait temps que l'homme pleureLe diamant des jours meilleurs

"Assez! Assez!"Crient les gorilles, les cétacés"Arrêtez votre humanerieAssez! Assez!"Crient le désert et les glaciersCrient les épines hérissées"Déclouez votre Jésus-Christ!Assez!Suffit."

Il serait temps que l'homme règneSur le grand vitrail de son frontDepuis les siècles noirs qu'il saigneDans les barbelés de ses frontsIl serait temps que l'homme arriveSans l'ombre avec lui de la peurEt dans sa bouche la saliveDe son appétit de terreur

"Assez! Assez!"Crie le ruisseau dans la prairieCrie le granit, crie le cabri"Assez! Assez!"Crie la petite fille en flammeDans son dimanche de napalm"Éteignez-moi je vous en prieAssez!Suffit."

Que l'homme s'aime c'est peu direMais c'est là mon pauvre labeurJe le dis à vos poêles à frireMoi le petit soldat de beurreQue l'homme s'aime c'est ne direQu'une parole rebattueEt sur ma dérisoire lyreVoyez, déjà, elle s'est tue

Mais voici que dans le silenceS'élève encore l'immense cri"Délivrez-vous de vos démences!"Crie l'éléphant, crie le cricriCrient le sel, le cristal, le rizCrient les forêts, le colibriLes clématites et les penséesLe chien jeté dans le fosséLa colombe cadenasséeEntendez-le ce cri immenseCe cri, ce rejet, cette transe"Expatriez votre souffrance"Crient les sépulcres et les nids"Assez! Assez!Fini."


Autour de minuit

Aux rendez-vous d'amourTout mon temps t'appartient et pour toujoursAux rendez-vous d'amisÀ n'importe quelle heure je suis admisAux rendez-vous d'affairesQuand l'argent est urgent, je croise le fer

Il est un rendez-vous pourtantOù j'aime aller isolémentAutour de minuit, je donne parfois rancardÀ ma bonne étoile, la plus belle des starsElle est en retard, bien sûrCette étoile au baiser d'azur

Elle est en retard, bien sûr, du fond de ses nuitsMais je l'attends quand même du fond de mon puitsJe l'attends comme une mamanDans le noir du firmament

Je l'attends sous un vieux bec de jazzVu de loin, j'peux paraître un peu naseMais ne t'inquiète pas, passantSi tu me croises au tournant

Je ne guette comme un gosseQu'un clin d'œil du cosmosAutour de mes nuits, allez luis, je t'attendsÔ toi ma bonne étoile, allez, va, descendsDans tes bras d'années-lumièreJe veux tomber en poussièrePoussière d'étoile autour d'minuit

 

 

 

Avec les anges

Avec les anges
By Colette Renard
Album: de l'opérette "Irma la douce"

 

On est protégé par Paris
Sur nos têtes veille en personne
Sainte Geneviève, la patronne
Et c'est comme si
L'on était béni

{Refrain:}
Y a rien à s'dire
Y a qu'à s'aimer
Y a plus qu'à s'taire
Qu'à la fermer
Parce qu'au fond, les phrases
Ca fait tort à l'extase
Quand j'vois tes chasses
Moi ça m'suffit pour imaginer l'paradis
J'me débine, c'est étrange
Avec les anges

Va, c'est pas compliqué du tout
En somme y a qu'à s'écouter vivre
Le reste, on lit ça dans les livres
Où qu'on s'dit "vous" tandis qu'chez nous

Si qu'on s'regarde et qu'on s'dit rien
C'est qu'il y a pas besoin d'paroles
Le silence à deux, ça console
De cette vie d'chien, ensemble on est bien

{au Refrain}

Amour toujours, c'est p't-être idiot
Mais y a pourtant pas d'autres mots
Pour dire le nécessaire
Quand on veut être sincere

Quand j'vois tes chasses....
Moi, ça m'suffit pour imaginer l'paradis
J'me débine, c'est étrange
Avec les anges


ALEE DES BROUILLARDS

1983 Album : Ami Chemin

Quand les hommes deviennent sages
Polis, polis trop polis
Et qu' tu vois plus ton visage
Dans le miroir dépoli
De leurs yeux qui te traversent
Comme si t'étais pas devant
Ô femme, c'est que ta jeunesse
S'est envolée dans le vent
Le vent qui claque les portes
Le vent qui sait le vieil art
De larguer les feuilles mortes
Allée des Brouillards, allée des Brouillards
Tu peux prendre des bains d'mousse
Croquer des biscottes sans sel
Sur ta peau des lunes rousses

Ont viré tes lunes de miel
C'est fini, y a plus personne
Pour les caresses déplacées
Tu peux r'passer ton automne
À la vapeur du passé
Les bras tendus comme des tiges
Aux jeux des câlin maillard
Tu s'ras seule jusqu'au vertige
Allée des Brouillards, allée des Brouillards
Mais de quel droit je t'inflige
Ce tableau désespéré
Tu pourrais être ma fille
Tu n'en as rien à cirer
L'hiver tu le fais craquer
Et lorsque tu seras vieille
Vers minuit, minuit un quart
J'te le dis au creux d'l'oreille

Il te reste un p'tit rancard
Si t'as pas le cœur trouillard
Mon fantôme est un gaillard
Allée des Brouillards
Allée des Brouillards
Des Brouillards.....

 

Paroles de Claude NOUGARO
Musique de Richard GALLIANO
© LES EDITIONS DU CHIFFRE NEUF

A tes seins (Saint Thomas)

Il vaut mieux s'adresser au bon Dieu qu'à ses saintsJe ne dis pas non, mais là n'est pas mon desseinJe n'en veux qu'à tes seinsJe ne veux parler qu'à tes seins

Sur terre, un peu partout, retentit le tocsinJe fais l'escalade vers des sommets plus sainsJe m'élève vers tes seinsJe ne veux parler qu'à tes seins

D'un rayonnement aigu d'invisible oursinIls protègent leur tendre duvet de poussinInnocents assassinsJe ne veux parler qu'à tes seins

Ce poème maladroit, suspect et succinctJe l'enfante comme si j'en étais enceintDepuis Nice, où tes seinsGiclaient blancs dans l'eau du bassin

Depuis Nice, où tes seinsGiclaient blancs dans l'eau du bassin